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LE TRIBUT DES ARABES


espagnoles, toujours activement occupés à transcrire en Latin les livres que possédaient les Arabes.

Ainsi, un manuscrit de Cambridge nous garde [1] une histoire De generatione Mahumet et nutritura ejus qui fut traduite par « Hermannus Sclavus, scolasticits ingeniosus et subtilis apud Legionem civitatem Hispaniæ ». Sans interrompre donc sa besogne d’interprète, Hermann tenait école à Léon.

C’est à Tolosa [2], en 1143, que les deux compagnons traduisirent le Planisphère de Ptolémée qu’Aboul Casîm Maslama, mort en 1007, avait transporté du Grec à l’Arabe. En effet, un manuscrit de la Bibliothèque Nationale [3] nous conserve cette traduction sous le titre suivant : Planisperium Ptolomei ; Hermanni Sectmdi translatio ; et le texte se termine par la phrase suivante : « Explicit liber an no Domini M.C. quadragesimo tertio kal. Junii Tolose translatus ».

Le titre du manuscrit que nous venons de citer fait au seul Hermann l’honneur de cette traduction ; mais nous savons que Robert de Rétines y avait également collaboré ; nous le savons par la lettre, datée de 1144, qu’Hermann écrivit à Thierry en lui envoyant le Planisphærium [4] ; cette lettre nous apprend, en outre, qu’Hermann et Thierry étaient tous deux disciples de l’Écolâtre char train.

« L’Astronomie, cette base des Sciences, disait Hermann, à qui pourrais-je mieux l’offrir qu’à vous qui êtes, en notre temps, l’ancre première et souveraine de la Philosophie seconde [le Quadrivium], le soutien immobile des études ballotées par toutes sortes de tempêtes, à vous, mon très diligent maître Thierry, en qui, je n’en doute pas, revit l’âme de Platon, descendue des cieux pour le bonheur des mortels, à vous le vrai père des études latines… Considérant votre vertu, mon illustre compagnon Robert de Rétines et moi, nous avons voulu vous imiter. »

Hermann et Robert ont-ils, seuls, traduit le Planisphère de Ptolémée ? N’ont-ils pas été aidés, dans cette besogne, par ce Rodolphe de Bruges qui, en toutes ses œuvres, prend le titre de disciple d’Hermann le Second ? Cela est fort possible et expliquerait les

1. Bubnov, Op. laud., p. CX1,

2. Jourdain (Recherches critiques sur Vàge et l’origine des traductions latines d’Aristote ; Paris, 1819) et M. A. Clerval (Op. laud., pp. 169 et 171) traduisent Tolosa par Toulouse ; cette interprétation me parait en désaccord avec les témoignages que nous avons cités^etqui nous montrent Hermann et Robert successivement sur les bords de l’Èbre, à Pampelune, à Léon, mais toujours en Espagne.

3. Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. 7377 B, fol. 73, r° à fol. 81, v°.

4. A. Clerval, Op. laud., p. 190.

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