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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Hermann le Second reçoit, d’ailleurs, dans les manuscrits, les épithètes de Suevus, de Dalmata, de Sclavus qui ne nous laissent point deviner quelle fut sa patrie. Il semble qu’accompagné de son fidèle collaborateur Robert de Rétines, il ait fait de longs voyages ; mais nous n’avons guère de témoignages certains que de ses séjours en Espagne, où nous le voyons occupé soit à faire des traductions, soit à composer des écrits originaux.

Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, voyageant en Espagne, y rencontra en 1141, Hermann et Robert, auxquels s’étaient adjoints un àrabe du nom de Mahomet et un juif converti de Tolède, du nom de Pierre ; il leur fît traduire le Coran en Latin, comme il le conte lui-même au prologue de son traité : Contra sectam et hæresin Saracenorum [1] : « Je me suis adressé, dit-il, aux hommes habiles dans la langue arabe, et je les ai persuadés, par mes prières et mes présents, de traduire le Coran ; à ces chrétiens, j’ai adjoint un sarrasin ; les chrétiens s’appelaient Robert de Rétines, Hermann le Dalmate, Pierre de Tolède ; le sarrasin se nommait Mahomet. Ils ont fouillé la bibliothèque de cette race barbare, et ils ont édité, à l’usage des Latins, un gros volume. C’était l’année que j’allai en Espagne et que j’eus un entretien avec Alphonse le Victorieux, c’est-à-dire en 1141. »

Bien que cette traduction fût l’œuvre collective des quatre traducteurs dont Pierre le Vénérable nous a laissé les noms, elle figure sous le seul nom de Robert de Rétines dans le manuscrit qui la conserve, à Oxford, sous le titre d’Historia Saracenorum [2]. La même observation peut souvent se répéter ; une traduction, due à la collaboration de plusieurs travailleurs, n’est bien souvent signée que par l’un d’entre eux ; parfois même des copies diverses ne portent pas la même signature.

Pierre le Vénérable nous dit, au prologue que nous avons cité, dans quelle région de l’Espagne il avait rencontré ses traducteurs : « Ces interprètes, versés dans les deux langues, je veux dire Robert de Rétines, archidiacre de Pampelune, et Hermann le Dalmate, étaient tous deux des écolâtres très fins et très lettrés. Je les ai trouvés en Espagne, sur les bords de l’Èbre, s’adonnant à l’Astronomie (Astrologia) ».

Au temps où Pierre le Vénérable écrivait, Robert avait donc quitté les bords de l’Èbre pour résider à Pampelune. Les deux traducteurs avaient, sans doute, séjourné dans bien d’autres villes

1. A. Clbrval, Op. laud.,-p, 189,

2. Bubnov, Op. laud., p. CXI.

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