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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE

Marsile ne prend donc le Soleil pour centre du mouvement d’aucun astre errant ; il n’en regarde pas moins cet astre comme le régulateur des circulations des autres astres errants, et voici pourquoi [1] :

« Les planètes supérieures montent toutes les fois que le Soleil s’approche d’elles ; toutes les fois, au contraire, qu’il s’en éloigne, elles descendent. En effet, les points les plus élevés des épicycles sont en conjonction avec le Soleil, tandis que les points les plus bas de ces épicycles sont en opposition avec lui ; les points de hauteur moyenne sont, à son égard, en quadrature.

» La Lune est au sommet du cercle qui la porte [de son épicycle] dans les deux cas [au moment de la conjonction et au moment de l’opposition] ; aux quadratures, elle descend au point le plus bas.

» Vénus et Mercure ont leur plus grande élévation quand, dans leur marche directe, ils sont en conjonction avec le Soleil ; quand cette conjonction se produit durant leur marche rétrograde, ils sont au point le plus bas.

» Il n’est pas permis à une planète d’achever le parcours de son épicycle avant d’avoir revu, par une conjonction, le Soleil qui est comme son maître.

» Ce que nous venons de dire montre clairement que les planètes supérieures, au moment où, parvenues au trine aspect à l’égard du Soleil, elles renversent leur marche, éprouvent une profonde vénération pour la vue royale du Soleil ; lorsqu’elles sont conjointes au Soleil, elles atteignent leur plus grande élévation et progressent de marche directe, parce qu’à ce moment, elles sont encore avec le Roi ; au contraire, quand elles sont en discorde avec lui, c’est-à-dire quand elles lui sont opposées, elles ont une marche rétrograde et une position infime.

» Vénus et Mercure, au moment où ils atteignent le Soleil, s’ils progressent de marche directe, cas auquel ils obéissent au Maître, atteignent leur plus haute position ; mais si, comme des rebelles, ils suivent la marche rétrograde, ils sont alors abaissés.

» Enfin, que la Lune soit au plus haut point de sa course même quand elle est en opposition avec le Soleil, cela ne nous doit causer aucun étonnement. Qu’est-ce, en effet, que la lumière de la Lune ? C’est la lumière même du Soleil, que le miroir lunaire réfléchit de tous côtés, et qui, au moment de la pleine-lune, est renvoyée vers le Soleil, placé en regard de ce miroir. Au moment

1. Marsilïi Ficini Op. luad., cap. IV ; éd. cit., fol. 102, vo.

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