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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


la fois des excentriques et des épicycles, Pierre de Padoue range Abraham ben Ezra, dont il connaissait bien l’avis, puisqu’il avait traduit le Liber rationum. Pierre d’Abano cite, d’ailleurs, les termes mêmes en lesquels le célèbre rabbin exprime cet avis ; qu’en ces termes, que nous avons reproduits, on puisse deviner le détail des agencements d’excentriques et d’épicycles qu’Aven Ezra avait peut être imaginés, cela nous paraît fort contestable ; Pierre d’Abano, cependant, avait cru y parvenir : « Moi, Pierre de Padoue, dit-il [1], j’ai imaginé en cette sorte la configuration de ces cercles ». Malheureusement, le copiste ne nous a pas conservé la figure tracée par l’auteur.

Pierre d’Abano fait d’ailleurs remarquer combien Abraham ben Ezra a émis, dans ses divers écrits, d’opinions différentes touchant les mouvements de Mercure et de Vénus.

« La supposition de Macrobe, ajoute-t-il [2], ne saurait tenir ; elle néglige en effet les épicycles, et, hors l’usage de ces cercles, les apparences ne peuvent être sauvées, comme nous l’avons vu dans notre troisième différence ; elle confond complètement entre eux les divers orbes de ces planètes, à l’exception de trois de ces orbes. Pour la même raison, je ne saurais admettre l’opinion d’Abraham, bien qu’elle offre quelque apparence de vérité. »

Les écrits de Pierre d’Abano étaient certainement lus et médités à Paris, au xive siècle ; Jean de Jandun complétait le commentaire aux Problèmes d’Aristote composé par le Médecin padouan ; peut-être est-ce l’influence du passage que nouc venons de citer qui marque sa trace dans une page que nous allons décrire.

Cette page se trouve dans un manuscrit [3] où sont réunis plusieurs traités d’astronomes qui ont illustré l’École de Paris durant la première moitié du xive siècle : Jean des Linières, Jean de Murs, Léon le Juif, Firmin de Belle val ; le manuscrit est, lui-même, du xive siècle. Dans ce manuscrit, un certain nombre de feuillets [4] sont occupés par des figures destinées à illustrer certains chapitres de la théorie des planètes ; le recto du premier de ces feuillets, par exemple, présente plusieurs dessins qui ont trait à la théorie du Soleil ; tous les feuillets de ce groupe, à partir du second, sont consacrés à la théorie de la Lune.

Au verso du premier feuillet, sont deux figures très remarquables consacrées à la théorie qui fait de Vénus et de Mercure des satellites du Soleil.

1. Ms. cit,, fol. i20, col. b.

2. Ms. cit., fol. i2i, coll. a et b.

3. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. 7378 A.

4. Ms. cit., fol. 79, r», à fol. 82, v°.

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