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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


des ou meins. De lor station et de lor rétrogradation avez oX les opinions desuz, dont, quant ad Mercure, puet meauz estre adaptée cèle des épicercles. Et dit Martians que il ne s’eslogne del Soloil que XXXII degrez au plus. Et porce que si cercles est environ le Soloil, quant il est desus le Soloil, et il vait o le Soloil en Orient par son naturel cours, si est diz progressis ; quant il est desouz le Soloil, porce que il vait en Occident contre le Soloil, si est diz rétrogrades ; et quant il descent ou il-monte, si est diz stationaires… »

« Del cours Vénus et de son movement [1].

» Ci après vos covient dire cornent Vénus fait le suen cours, liquels a sun cercle environ le Soloil si cum Mercurius… Et est souvent rétrograde et stationaire, autresi cum Mercurius, et une foiz desuz le Soloil, autre foiz devant, autre foiz derrière, autre fois desoz… »

Sur la Science de son temps, l’Astrologue de Baudoin de Courtenay est singulièrement en retard ; son livre a été écrit en 1270 ; il eût put l’être en 1150 ; il eût pu l’être avant que Michel Scot apportât aux Latins la Théorie des planètes d’Al Bitrogi, les traités de Physique et de Métaphysique d’Aristote ; il eût pu l’être avant que les Platon de Tivoli et les Gérard de Crémone, en traduisant Al Fergani et l’Almageste, eussent révélé aux Chrétiens d’Occident les doctrines de Ptolémée. L’Astronomie qu’enseigne notre « astrologien », c’est celle que connaissaient les contemporains de Guillaume de Couches et de Thierry de Chartres, celle qu’on pouvait tirer des enseignements de Pline, de Chalcidius, de Macrobe, de Martianus Capella. Et là est, pour l’historien, l’intérêt tout particulier de l’Introductoire d’Astronomie ; très complètement, avec une grande clarté, il fait revivre à nos yeüx les querelles qui se débattaient, au sujet des mouvements célestes, dans les Écoles de Chartres parvenues au plus haut degré de leur splendeur, dans les Écoles de Paris, alors qu’elles commençaient d’asseoir, sur l’Europe latine, leur domination intellectuelle.

1. Ms. cit., fol. 33, col. d, et fol. 34, col. a.

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