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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


philosophes dit ce que Platons en dit, que il se movent et vont contre le firmament par naturel movement, jà soit ce qu’il soit ravi chascun jor o le firmament environ la terre. Et ce est commun à touz les planète. »

Aristote eut été fort surpris de s’entendre attribuer l’opinion que lui prête notre auteur ; assurément, celui-ci n’avait jamais lu le Traité du Ciel ; il s’était contenté de lire. Martianus Capella qui met cette opinion au compte des Péripatéticiens [1].

Il n’avait pas lu davantage, d’ailleurs, la Théorie des planètes d’Al Bitrogi ; ce qu’il sait de l’hypothèse qui fait marcher toutes les planètes dans le même sens que les étoiles fixes, c’est ce qu’en pouvait connaître un lecteur de Chalcidius, de Macrobe, de Martianus Capella, c’est ce qu’un Helpéric en savait déjà.

« Li V planète, poursuit notre astrologue [2], ont uncore une comunité de ce qu’il sunt stationaire ou rétrograde ; ce n’ont mie li Solauz ne la Lune. Mès, porce que, de ce, sunt plusors opinion de lor stacion et de lor rétrogradation, nos vos en dirons ce que plusors autors en dient. »

L’idée d’expliquer la station et la rétrogradation des planètes par une action émanée du Soleil est certainement fort ancienne. Déjà Platon, au Timée, pour expliquer la marche de Vénus et de Mercure, qui tantôt se rapprochent du Soleil et tantôt s’en éloignent, regardait [3] ces planètes comme douées d’une force antagoniste (τὴν δ’ ἐναντίαν εἰληχότας αὐτῷ δύναμιν) qui les tire vers le Soleil.

Lucain [4], attribuait aux rayons solaires la puissance d’arrêter la marche directe d’une planète et d’en interrompre, par une station, le cours errant :

                       Sol tempora dividit ævi,
Mutat nocte diem, radiisque potentibus astra
Ire vetat, cursusque vagos stations moratur.

Pline le Naturaliste professait une opinion pareille à celle de Lucain, son contemporain ; il l’accommodait, semble-t-il, à l’hypothèse qui fait mouvoir chaque planète sur un épicycle [5] :

« Lorsqu’elle se trouve dans la partie que nous avons dite,

1. Martiani Capellæ De nuptiis Philologie ? et Mercuni lib. VIII, 853.

2. Ms. cit, fol. 26, col. b

3. Platon, Timée, 38 (Platonis Opera, éd. Firmin Didot, vol. Il, pp. 209-210). Cf. : Première partie, ch. II, § VIII ; t, I. pp. 58-5g.

4. Lucain, Pharsale, chant X, vers 201 sqq.

5. Plinh Segundi Naturalis Hisforia, lib. II, cap. XVI. Cf. : Première partie, ch. VIII, § V ; t. I, pp. 465-466.

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