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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


nous l’avons lu ; mais d’autres copies [1] lui donnent le nom d’Introductoire d’Astronomie.

Au cours de cet Introductoire, l’auteur vient d’expliquer que, de deux manières, nous pouvons prévoir l’avenir ; l’une consiste dans l’observation des astres, l’autre dans l’inspiration. Il poursuit en ces termes [2] :

« Donques nos, qui somes ocupé des choses mondaines, jà soit-ce que nos ne puissons avoir les II devant dites voies, se ne est par devine inspiration, par quoi nos puissons faire et doner parfaiz jugemenz ; neporquant, à le hennor de très haut empereor B., par la grâce de Deu très féel en Jhésu crist, coroné de Deu, gouverneor de Romanie, à touz tems accroissant, por cui nos començons ce livre, ce que nos avons oï et trait des livres des Ancians, par quoi i’en puisse venir à faire parfaiz jugemenz et certains des fortunes et des œuvres que li ordenemenz et li cours des estoiles œuvre ça desouz, nos vos espondrons si briefment cum nos porrons. »

Ce « très haut empereur B.,… gouverneur de Romanie », c’est Baudoin de Courtenay.

« Baudoin [3] naquit en 1217, pendant la captivité de son père, l’empereur Pierre de Courtenay. Plusieurs fois, il vint en Occident, et sans beaucoup de profit, pour réclamer le secours des princes chrétiens. Couronné empereur en 1239, dans l’église de Sainte-Sophie, nous le voyons, en 1267, faire un traité solennel avec Charles d’Anjou, roi de Naples, qui s’engageait à l’aider d’argent et de troupes pour le recouvrement de Constantinople, tombée au pouvoir des Grecs. De son mariage avec Marie de Brienne, fille de Jean de Brienne et de Bérangère de Castille, il avait eu un fils nommé Philippe, qu’il fut contraint de livrer à des gentilshommes de Venise pour gage des fortes sommes qu’il en avait empruntées. Philippe ne redevint libre qu’en 1269, et son premier soin, en quittant Venise, fut de se rendre auprès du roi de Castille, Alphonse, dit le Sage ou l’Astrologue, des mains duquel il reçut les éperons d’or de la chevalerie…

» Baudoin mourut, empereur détrôné, moins de deux ans après la délivrance de son fils. »

Les événements de la vie de Baudoin, de sa naissance à la délivrance de son fils, sont ceux auxquels il est fait allusion dans la pièce en vers dont nous allons parler.

1. Paulin Paris, Op. la ad., p. 427■

2. Ms. cit., fol. 8, col. d, et fol, 9, col. a.

3. Paulin Paris, Op. laud., p. 4M P* 4*6.

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