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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


manière très variable : De natura rerum, De astris cæli, De Astronomia seu natura rerum, Liber astronomicus, Rotarum liber, a été très soigneusement publié, au xixe siècle, par Gustav Becker[1].

Par le plan suivi, par les matières traitées, le De natura rerum liber entre dans une catégorie d’ouvrages qui eurent grande vogue chez les Grecs et les Latins, comme ils en allaient avoir chez les Arabes et chez les Occidentaux.

Les quatre livres sur les Météores qu’Aristote avait composés, mis à la suite des quatre livres. Du Ciel, formaient une sorte de traité où se trouvaient exposées la Cosmographie, la Mécanique céleste, la Physique du globe et la Météorologie telles qu’on les connaissait à l’époque du Stagirite. Dans l’Antiquité comme au Moyen Âge, les auteurs ne manquèrent pas, qui prirent ce traité pour modèle, soit qu’ils se proposassent de donner quelque écrit plus bref et plus sommaire, soit, au contraire qu’ils eussent le dessein d’en développer davantage, certaines parties, telles que la Géographie physique.

Parfois, les exposés succincts qui avaient été écrits, de la sorte, à l’image des immortels traités du Stagirite, étaient donnés sous le nom même d’Aristote.

Tel fut, dans l’Antiquité hellénique, ce petit écrit, à la fois cosmologique et métaphysique, qui avait pour titre Περὶ Κόσμου, Du Monde, et qui se donnait pour une lettre adressée par le Philosophe à son illustre élève Alexandre le Grand. Le traité De mundo ad Alexandrum — c’est le titre sous lequel ce petit livre s’est répandu chez les Occidentaux — ne consacre que peu de lignes à la nature des corps célestes et à leurs mouvements ; ce qu’il en dit est parfaitement conforme à l’Astronomie péripatéticienne.

Ce qu’un stoïcien anonyme avait donné aux Grecs en écrivant le traité Περὶ Κόσμου, le platonicien Apulée le donna aux Latins en composant son De mundo.

La Science arabe imita la Science grecque dans son penchant à imaginer des écrits apocryphes d’Aristote ; elle attribua au Stagirite le petit traité que les Occidentaux ont intitulé De elementis ou De proprietatibus elementorum ; et, jusqu’à la Renaissance, tous les docteurs, musulmans ou chrétiens, furent dupes de la supercherie. Elle était cependant bien grossière, cette supercherie ; un écrit où la mer Méditerranée est nommée mare Assern, où l’Arabie s’appelle terra Lamen, porte en évidence sa marque de fabrique islamique ; l’époque, relativement récente, de sa composition n’est

  1. Isidori Hispalensis De natura rerum liber. Recensuit Gustavus Becker ; Berolini, 1857.