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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


la Mirandole, de nombreuses questions, car il semble à tout le monde que ce phénomène procède de la Lune.

» Voici la cause du flux et du reflux de la mer que, d’après l’opinion des Sarrazins, Adéland expose et prouve :

» La mer a des bras divers que sépare les uns des autres la masse interposée de la terre ; l’impétuosité qui les soulève les précipite à la rencontre l’un de l’autre et les fait confluer ; lorsqu’ils vienne ! à s’arrêter dans cette course, le croisement de leurs mouvements aussi bien que la situation même que la terre occupe font qu’ils rebroussent chemin ; il se trouvent ainsi ramenés à la position locale d’où le premier mouvement, qui leur est naturel, les avait chassés.

» La Lune n’est point en cause ; sinon, ce même effet adviendrait aux mers plus rapprochées de la zone torride ; elles ne sont pas, en effet, plus éloignées de la Lune, en sorte qu’elles ne seraient pas empêchées par la distance de sentir la force de cet astre ; on ne les regarde pas, non plus, comme formées d’une eau naturellement moins humide ; et cependant, il n’y a, en ces mers, aucun mouvement alternatif ; c’est qu’ici fait défaut la cause que nous avons dite, le concours de bras de mer qui s’enfoncent dans la masse des terres. »

Adélard rejette absolument toute influence de la Lune sur le flux et le reflux de la mer. Les physiciens de Chartres ne partageaient pas tous son avis. Bernard Silvestre, par exemple, voit [1], dans la Lune, non seulement la régulatrice du flux et du reflux, mais encore la cause qui fait croître ou décroître mainte substance terrestre.

Entre la théorie qui prend la Lune comme cause des marées et la théorie de Macrobe, Guillaume de Conches prend un moyen terme.

Voici d’abord un passage où Guillaume de Conches reproduit la pensée de Macrobe :

« La source de la substance humide, dit-il [2], est au milieu de la zone torride ; elle entoure la terre de la même façon que l’équa-


1. Behnahdi Silvestris De mundi universitate lib. I, cap. III; lib. Il, cap. V et VI (Ed. Insbruck, 1876, p. tg, p. 4b et p— 47)*

2. Hirsaugiensis, lib. II, De tertio elemcnto, scilicet aqua. — Unde Oceanus. — Honorius, lib. III, cap. XIV : De refluxionibus Oceanî. — Beda, lib. III, <■1*11. 1 1G4.

    difficiles. Colophon:Expliciunt quaestîoûes naturales Adelardi Bachoniensis (sic). Laus deo et virgïm. AMEN. Qui petit occultas rerum agnoscere causas Me videat, quia sum levis explanator earum. s. 1. n. d, (Lovauii, Joh. de Wesphalia, 14841-

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