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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


ce mouvement se produit obliquement en arrière, elle semble reculer.

» C’est le Soleil qui est cause de cette élévation et de cette dépression. Source de toute chaleur, tantôt il dessèche davantage les régions supérieures, tantôt les espaces inférieurs. Lorsque le corps d’une planète est plus desséché que d’usage, il s’allège et monte. Ensuite si, pour se nourrir, il attire à lui plus d’humidité que de coutume, il devient plus lourd qu’il n’est habituellement, et il descend davantage. Lorsqu’ils disent donc qu’une planète s’arrête, ils parlent en astrologues, parce qu’il semble qu’il en soit ainsi. »

Ainsi, grâce à Chalcidius et à Martianus Capella, grâce à Macrobe, la plupart des hommes qui, du ixe siècle au xiie siècle, ont écrit sur l’Astronomie, et dont les livres nous ont été conservés, ont connu et admis la théorie des planètes imaginée par Héraclide du Pont. Le Pseudo-Bède et Guillaume de Conches ont fait circuler Mercure et Vénus autour du Soleil ; Scot Erigène était allé plus loin ; il avait étendu la même supposition à Mars et à Jupiter ; s’il n’en eût exempté Saturne, il eût été pleinement le précurseur de Tycho Brahé.

Que la théorie du Pseudo Bède et de Guillaume de Conches ait été courante, aux époques où vécurent ces auteurs, on le devine à lire certaines allusions en des livres où cette théorie, cependant, n’est pas explicitement exposée.

On trouve, parmi les écrits d’Honoré d’Autun, un petit traité intitulé : De Solis affectionibus. Rien ne prouve, d’ailleurs, que ce livre soit de l’auteur auquel les éditeurs l’ont attribué. Il ne figure pas dans la liste des ouvrages d’Honoré qui termine le traité De luminaribus Ecclesiæ composé par le Scolastique d’Autun. Ce livre, toutefois, semble bien avoir été produit au temps où vivaient Guillaume de Conches et Honoré ; l’influence de Macrobe s’y révèle par de nombreuses citations. Rien donc n’empêche qu’on l’attribue à Honoré d’Autun, pourvu que l’on ne continue pas à mettre au compte de.celui-ci le traité De imagine Mundi ; ces deux livres ne sont assurément ni du même auteur ni de la même école.

L’auteur du De Solis affectionibus ne veut pas [1] que les sphères des différentes planètes et la sphère des signes’soient distinctes, et séparées les unes des autres par des intervalles. « Comment,

1. Honorii Augustodunensis De Solis affectionibus liber ; Cap. XXII : De distinctis sphæi ib [Hûnorh Augustodunensis Opera, accurante Migne (Patrologiœ latinœ t. CLXXII) ; col. 107].

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