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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


De constitutione mundi liber du Pseudo-Bède. Nous voulons parler de la théorie de Vénus et de Mercure.

Au premier de ces deux ouvrages, nous lisons le passage suivant [1], où l’influence de Macrobe est manifeste : « Il nous faut dire pourquoi les Chaldéens affirment que le Soleil est la quatrième des planètes, tandis que les Égyptiens et Platon prétendent qu’il est la sixième… Les Ghaldéens ont pensé qu’il en était autrement, et cela pour la raison que nous allons dire : Le Soleil, Mercure et Vénus sont liés entre eux de telle manière qu’ils parfont leur cours presque dans le même temps, c’est-à-dire dans une année et une faible durée en plus ou en moins. Les cercles qu’ils parcourent doivent donc être sensiblement égaux, si le temps plus ou moins long qu’une planète emploie à parcourir le Zodiaque se mesure à la longueur du cercle qu’elle décrit. Ges cercles étant presque égaux entre eux, l’un d’euÀ ne peut être en entier contenu par l’autre. Ils se coupent donc. Par sa partie inférieure, le cercle de Vénus coupe les parties supérieures du cercle du Soleil et du cercle de Mercure ; il comprend, d’ailleurs, plus du cercle de Mercure que du cercle du Soleil. Par sa partie supérieure, le cercle de Mercure coupe celui de Vénus ; il coupe celui du Soleil par sa partie inférieure. Enfin le cercle du Soleil par sa partie supérieure coupe les parties inférieures des cercles de Mercure et de Vénus ; mais il coupe davantage celui de Mercure et moins celui de Vénus [2]. Puisque le cercle du Soleil est entouré par les parties supérieures [3] des cercles de ces planètes, il est juste de dire que le Soleil est inférieur à ces astres. Mais parfois aussi il arrive que le Soleil se trouve en la partie supérieure de son cercle, et que ces planètes sont en la partie inférieure de leurs cercles respectifs ; alors elles apparaissent plus aisément, car l’éclat du Soleil les fait moins pâlir lorsqu’elles se trouvent au-dessous de lui que lorsqu’elles sont au-dessus ; et voilà pourquoi le Soleil peut être regardé comme supérieur à ces deux astres. »

Dans cette hypothèse sur la position relative du Soleil, de Mer-

1. Hirsaugiensis, lib. I ; De loco Solis et cur Luna debeat ei esse vicina ; pp. 39-40. — Beda, lib n, coll. i147-1 MS. — Honorius, lib. Il, cap. XXIII : De statu et retrogradatione prædictarum stellarum, etquod verum sitSolem esse sub Mercurio et Venere, et de circulis ipsorum — Cap..XXI : Quando circuit Veneris et Mercurii liberius appareant. Coll. 64-65.

2. Les deux textes de la Patrologia latina insèrent ici une phrase destinée à annoncer une figure ; la Patrologia donne, en effet, une figure ; mais elle est absurde.

3. Hirsaugiensis et Honorius disent : inférieures^ au lieu de : supérieures ; Beda est, ici, seul correct

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