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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


de Constantin, ni ceux d’aucun physicien ; leur orgueil est tel qu’ils s’indigneraient d’apprendre d’un autre quoi que ce fût ; ils ont l’arrogance d’imaginer ce qu’ils ignorent, afin de paraître dire quelque chose ; ces gens-là disent que les éléments ne sont pas autre chose que les qualités des corps qui se voient, savoir le sec, le froid, l’humide, le chaud. »

A ces physiciens, Guillaume de Couches oppose les autorités du Timée, de Johannitius, de Macrobe ; toutes proclament que l’élément est le sujet qu’affectent les qualités, et non pas ces qualités mêmes.

11 va sans dire que Guillaume n’admet, pour constituer les corps, rien d’autre que les quatre éléments ; de la cinquième essence péripatéticienne, il ne parle même pas. « Le feu remplit l’espace qui s’étend au-dessus de la Lune [1] ; c’est ce même feu qu’on nomme éther. L’ornement de ce corps qui se trouve au-dessus de la Lune est constitué par les étoiles, tant fixes qu’errantes. »

Les étoiles qui, comme les cieux eux-mêmes, sont formées par l’élément igné, sont-elles en mouvement ? Telle est la première question proprement astronomique qu’examine Guillaume de Conches [2] : « Les uns prétendent qu’elles ne se meuvent pas, mais qu’elles sont entraînées d’Orient en Occident par le firmament, au sein duquel elles sont fixées. D’autres disent qu’elles se meuvent d’un mouvement propre, car elles sont de nature ignée, et rien ne saurait se soutenir sans mouvement au sein de l’éther ou du fluide céleste ; mais ils pensent qu’elles se meuvent sur place, en tournant sur elles-mêmes. Les troisièmes assurent qu’elles se meuvent en passant d’un lieu à un autre, mais que nos yeux ne peuvent aucunement percevoir leur mouvement ; elles emploient, en effet, un tel laps de temps à parcourir leurs divers cercles que là vie humaine, qui est courte, ne suffît pas à saisir même une brève portion de cette si lente circulation ».

Cette allusion au mouvement lent des étoiles fixes est textuellement empruntée à Macrobe ; mais la suite appartient en propre à Guillaume : « Nous partageons cet avis que les étoiles se meuvent en passant d’un lieu dans un autre ; mais que leur mouvement ne soit pas perceptible, nous en proposons une autre raison, qui

1. Hirsaugiensis, liber I, Ignis-qui æther dicitur ; p 28 — Beda, lib. Il, col. 1139. — Hoaoaius, lib. Il, cap. I : Ouid sit ætner et ornatus iliius ; col. 07,

2. Hihsaugiensis, lib. ï, De stellarum inerraticarum motu et quiete, pp. 3o-3i.

— Beda, lib. il, col 1. 1141-1142. — IIonorws, lib. II, cap. VII : De iufixis slellis, utrum nioveanlur ; coll. 5ij-6ô.

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