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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


mée, ni sous forme manuscrite ; d’ailleurs, au Περὶ διδαϰέων, Guillaume formule, à plusieurs reprises, son désir d’écrire un livre court ; mais nulle part, il ne présente ce livre comme l’abrégé d’un ouvrage plus complet ; nous pensons donc que l’existence de la Magna de naturis philosophia est purement légendaire.

Cette conclusion semble confirmée par le fait que Guillaume a intitulé Secunda philosophia et Tertia philosophia deux dialogues qu’il a donnés après le Περὶ διδαϰέων ; les épithètes tertia et quarta leur eussent mieux convenu si les De Philosophia Mundi libri quatuor n’eussent été que le second exposé des doctrines du Philosophe de Gonches.

Ces deux petits dialogues ont été retrouvés et en partie publiés par Victor Cousin [1]. Ils ne renferment aucune pensée essentielle qui ne soit déjà au Περὶ διδαϰέων.

On en peut dire autant du dialogue que Guillaume de Conches avait intitulé Dragmaticon philosophiæ, et qui fut imprimé sous le titre : Dialogus de substantiis physicis [2]. Au préambule de cet ouvrage, l’auteur répudie certaines erreurs théologiques du Περὶ διδαϰέων ; il n’y émet, d’ailleurs, aucune idée qu’il n’ait développée auparavant.

Le Περὶ διδαϰέων reste donc l’œuvre qu’il convient d’étudier de près si l’on veut connaître les doctrines physiques de Guillaume de Conches.

Nous avons vu qu’avant de composer cet ouvrage, Guillaume avait glosé le Timée, complétant, sur ce dialogue, le commentaire donné par Chalcidius ; c’est assez dire que le Timée de Platon et le commentaire de Chalcidius inspireront notre auteur ; et cette inspiration, en effet, est de tous les instants.

Elle n’est pas cependant la seule qui se puisse noter à la lecture de la Philosophia Mundi ; dès les premières lignes de cet écrit, nous trouvons une allusion aux Noces de la Philologie et de Mercure ; attendons-nous donc à ce que l’autorité de Martianus Capella soit souvent invoquée, moins souvent cependant que celle de Macrobe.

Les deux influences de Chalcidius et de Macrobe sont dominantes au Περὶ διδαϰέων ; nous aurons occasion d’en signaler d’autres, mais qui seront moins intenses.

La Philosophie du Monde de Guillaume de Conches offre plus d’un trait de ressemblance avec le Livre de la constitution du

1. Victor Cousin, Op. laud., pp.

2. Dialogus de substanciis physicis, ante annos ducentos confectus a WiLHELàio Aneponymo philosopho ; Argentorati, 1567.

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