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CHAPITRE II
L’INITIATION DES BARBARES

I
SAINT ISIDORE DE SÉVILLE

Le désir de savoir était intense chez les peuples jeunes qui avaient envahi l’Empire romain ; le premier qui s’efforça d’y satisfaire fut Saint Isidore de Séville.

Par son père, Sévérianus, gouverneur de Carthagène, Isidore[1] descendait peut-être de l’antique race gréco-latine ; mais sa famille avait mêlé son sang au sang visigoth ; le roi des Visigoths, Léovigilde, avait épousé la sœur aînée d’Isidore.

Isidore avait été instruit par son frère aîné Léandre ; moine, évêque de Séville, apôtre de la conversion des Visigoths ariens, Léandre était allé à Byzance, afin de demander à l’empereur des secours pour les Chrétiens contre la persécution des Ariens ; à Byzance, Léandre prit contact avec la culture antique, et il voulut que son jeune frère n’ignorât ni le Grec ni l’Hébreu.

En 601, Isidore succéda à son frère Léandre sur le trône épiscopal de Séville qu’il devait occuper jusqu’à sa mort, survenue en 636. Le souci de maintenir la foi contre les hérésies, de fixer la liturgie en constituant le rite mozarabe, ne nuisit pas, en lui, au désir de transmettre aux Visigoths ce qu’avaient conquis la Philo-

  1. Sur La vie de Saint Isidore et de Léandre, consulter : Montalembert, Les moines d’occident depuis Saint Benoît jusqu’à Saint Bernard, Livre VI, chapitre unique ; t. II, pp. 213-234.