ral, de rapporter ce qu’a dit Ammonius, le maître de Plotin et
du pythagoricien Numénius ». Il est, d’ailleurs, inutile de multiplier
les citations. C’est à très juste titre que les historiens de la
Philosophie regardent l’Évêque d’Émèse comme un illustre membre
de l’École néo-platonicienne.
S’il est un Père de l’Église qu’on puisse taxer de Platonisme, c’est assurément le plus philosophe d’entre eux, c’est Saint Augustin. N’entendons-nous pas, dans la Cité de Dieu, l’Évêque d’Hippone citer maintes fois Plotin, qu’il appelle[1] : « ce grand platonicien, ille magnus platonicus ? »
Toutes les fois, d’ailleurs, que Saint Augustin fait allusion à une théorie de Physique, c’est une théorie de Physique platonicienne qu’il a en vue, et nullement une théorie de Physique péripatéticienne. Il rapporte[2] cet enseignement des Platoniciens : « La terre est le premier des corps que l’on rencontre en montant ; le second est l’eau, qui vient au-dessus de la terre ; le troisième est l’air, qui se trouve au-dessus de l’eau ; le quatrième, au-dessus de l’air, est le ciel ». Cet enseignement, il semble le regarder comme universellement reçu ; il ne paraît pas songer que les Aristotéliciens n’identifient pas le ciel au quatrième élément, qu’ils en font une cinquième essence. Il y a plus ; Saint Augustin ignore si bien l’opinion que professent les Péripatéticiens à ce sujet qu’il leur en prête cette pensée sans aucun rapport avec leur doctrine : « De même qu’en montant, on rencontre la terre en premier lieu, l’eau en second lieu, l’air en troisième lieu, et le ciel en quatrième lieu, la nature de l’âme est au-dessus de tout cela. Aristote, en effet, dit que l’âme est un cinquième corps (Nam et Aristoteles quintum corpus eam dixit esse), et Platon enseigne qu’elle n’est pas un corps. Si elle était un cinquième corps, elle se trouverait assurément, au-dessus des autres ; mais comme elle n’est pas un corps, elle est, à plus forte raison, au-dessus de tous les corps ».
Ignorant la Physique aristotélicienne, l’Évêque d’Hippone est rempli d’admiration pour la Physique des Platoniciens, « de ces philosophes[3] que nous voyons la gloire et la renommée mettre a juste titre au-dessus des autres ».
Cette préférence accordée par Saint Augustin à la Physique platonicienne mérite d’être signalée d’une manière toute particulière par l’historien des doctrines cosmologiques, car elle a