dait déjà[1] cette attribution comme douteuse. Ce livre n’est pas entièrement exempt de Péripatétisme, puisque l’auteur admet l’existence d’une essence céleste, éternelle et distincte des quatre éléments soumis à la génération et à la corruption[2]. Mais les considérations théologiques qui, à la fin du traité, occupent plusieurs chapitres, sont empreintes de la plus pure doctrine stoïcienne. Or c’est parmi ces considérations que se lisent celles que nous allons rapporter.
Dieu, qui a organisé le Monde et qui le conserve, « occupe[3] tout en haut du Monde, la première place ». De là, il exerce, sur les choses qui sont au-dessous de lui, sa force directrice. « Le corps qui est le plus voisin de lui jouit, plus que tous les autres, de la puissance qui en émane ; à un degré moindre, en jouit le corps qui vient après celui-là, et ainsi de suite, jusqu’à ce que cette puissance atteigne les lieux qui nous avoisinent — Μάλιστα δέ πως αὐτοῦ τῆς δυνάμεως ἀπολαύει τὸ πλησίον αὐτοῦ σῶμα, ϰαὶ ἔπειτα τὸ μετ’ ἐϰεῖνο, ϰαὶ ἐφεξῆς οὕτως ἄχρι τῶν ϰαθ' ἡμᾶς τόπων. — Aussi la terre et les choses qui résident à sa surface, étant les plus éloignées de l’assistance divine, semblent privées de force et d’harmonie et remplies d’un grand désordre… Quant aux choses qui se trouvent au-dessus de nous, selon qu’elles sont plus voisines ou plus éloignées de Dieu, elles en reçoivent plus ou moins d’assistance. — Τὰ τε ὑπὲρ ἡμᾶς κατὰ τὸ ἔγγιόν τε ϰαὶ πορρωτέρω θεοῦ εἶναι μᾶλλόν τε ϰαὶ ἧττον ὠφελείας μεταλαμϐάνοντα. »
Ces considérations sont extrêmement semblables à celles de l’auteur hellène auquel Al Bitrogi a emprunté son système astronomique. Continuons notre lecture, et nous verrons se marquer des différences. L’inspirateur d’Al Bitrogi pensait que l’influx divin pénètre directement jusqu’à la terre, où il s’évanouit enfin. L’auteur de la lettre Sur le Monde n’admet pas cette action directe de Dieu sur les choses du monde inférieur. Son Dieu, il le compare à un roi, tel que Xerxès ou Cambyse, dont la majesté ne s’abaisse pas jusqu’à prendre souci des détails de l’administration, et qui en laisse le soin à ses officiers. À plus forte raison, ces menus soins « ne conviennent-ils pas à Dieu[4]. Il est plus majes-
- ↑ Procli Diadochi In Platonis Timœum commentaria, édit. Diehl, vol. III, p. 272.
- ↑ Aristote, De mundo ad Alexandrum cap. II (Aristotelis Opera, éd. Didot. t. III, p. 628 ; éd, Bekker, vol I, p. 391, col b à p. 392, col. b).
- ↑ Aristote,Op. laud., cap. VI (Aiustdtelis Qpera, éd. Didot, t. III, p. 636 ; éd. Bekker, vol. I, p. 397, col. b et p. 398, col. a),
- ↑ Aristote, Op. laud.., loc. cit.. (Aristotelis Opera, éd, Didot, t. III, p. 637 ; éd. Bekker, vol. I, p. 398, col. b).