Ptolémée avait cru le mouvement de précession trop lent ; Al Battani lui attribue une trop grande rapidité. La grandeur qu’il suppose à ce mouvement avait, d’ailleurs, été proposée avant lui par d’autres astronomes arabes.
As Soufi[1], qui mourut en l’an 986 de notre ère, nous apprend que les astronomes d’Al Mamoun pensaient déjà que le mouvement de précession atteignait 1° en 66 ans. Habasch et les fils de Mousa ben Shakir ont également adopté cette évaluation[2]. Dans cette évaluation, il nous faut voir, sans doute, une nouvelle marque de l’influence exercée par l’Astronomie indienne sur l’Astronomie musulmane.
DE L’ÉPICYCLE PAR RAPPORT À L’EXCENTRIQUE
Les astronomes arabes, comme les astronomes hellènes, éprouvaient une répugnance bien légitime à donner au ciel des étoiles fixes le mouvement imaginé par les anciens astrologues ; ce mouvement uniforme d’accès, suivi d’un mouvement de recès également uniforme, heurtait le sentiment de la continuité qui avait inspiré toutes les autres hypothèses astronomiques.
Cette répugnance devait naturellement prendre fin lorsqu’un géomètre donnerait à ce mouvement oscillatoire une forme d’où tout changement brusque de vitesse se trouverait exclu ; de ce jour daterait la faveur qui devait s’attacher, pendant plusieurs siècles, au mouvement de trépidation.
Cette réforme de la théorie de l’accès et du recès va être, si nous en croyons une tradition que nous discuterons plus loin, l’œuvre de Thâbit ben Kourrah. Mais, pour accomplir cette œuvre, Thâbit n’aura pas à faire grand effort d’imagination ; il lui suffira de transporter, de toutes pièces, aux oscillations de l’Écliptique, une supposition que Ptolémée avait inventée pour rendre compte du balancement des épicycles des planètes. En cette circonstance, comme en tant d’autres, la Science islamique ne fera que copier la Science hellène.