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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

sans doute, postérieur au traité De la longueur de l’année ; la comparaison entre les observations de Timocharis et les observations d’Hipparque qui sont rapportées dans ce traité Du transport eût permis d’évaluer la grandeur de la précession des équinoxes avec une approximation supérieure à celle que donne l’autre traité ; selon Paul Tannery[1], elle eût conduit à ce résultat, qui eût été bien proche de l’exactitude rigoureuse : 1° 23′ 20″ par siècle.


II


LES TRAVAUX DE PTOLÉMÉE


Ce n’est pas cette valeur de la précession, si voisine de la valeur véritable, que Ptolémée adopta ; à l’aide des observations de Ménélas, d’Agrippa et des siennes propres, il crut pouvoir attribuer à cette précession la valeur qu’Hipparque, en son traité De la longueur de l’année, avait indiquée comme un minimum. « Nous avons jugé, dit-il[2], que les étoiles s’avancent vers l’Orient d’un degré à peu près en cent ans », en sorte qu’en 36.000 ans, le système entier des étoiles fixes effectue une rotation complète, d’Occident en Orient, autour des pôles de l’Écliptique. Cette durée se fût trouvée réduite à 26.000 ans si Ptolémée avait adopté les évaluations, si voisines de l’évaluation moderne, que contenait le traité Du transport des points solsticiaux et équinoxiaux.

Ce mouvement, Ptolémée n’hésite pas à l’attribuer à une sphère dans laquelle toutes les étoiles fixes se trouvent invariablement serties. « De semblables observations[3] faites sur ecs étoiles et sur les autres les plus remarquables par leur éclat, leurs comparaisons entre elles, et les distances reconnues constantes entre celles que nous avons examinées et tout le reste des fixes, nous font regarder comme certain le mouvement de ta sphère des fixes vers l’Orient des points tropiques et équinoxiaux, autant que eet espace de temps peut nous en assurer ; et que ce mouvement se fait autour des pôles du cercle oblique moyen du Zodiaque, et non

  1. Paul Tannery, Recherches sur l’histoire de l’Astronomie ancienne, ch. XV, 2 (Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 4e série, t. I, p 266, 1893).
  2. Claude Ptolémée, Op. laud.., livre VII, ch. II ; trad. de l’abbé Halma, t. II, p. 13 ; éd. Heiberg, Ζ’, β’, pars II, p. 15.
  3. Claude Ptolémée, Op. laud.’’., livre VIII, ch. IV ; traduction de l’abbéHalma, t. II. p. a8 ; éd. Heiherg, Ζ’, δ’, pars II, p. 34.