Ces mots du disciple d’Ibn Tofaïl nous apprennent que l’émir n’avait composé aucun traité écrit où ses objections contre le système de Ptolémée fussent consignées, où ses propres doctrines astronomiques fussent exposées ; tout ce que nous en savons se réduit aux deux courtes allusions que nous venons de citer.
Nous serons mieux renseignés sur les opinions que professaient, touchant les mouvements célestes, les disciples d’Ibn Bâdja et d’Ibn Tofaïl ; c’est par leurs propres écrits que nous connaîtrons les objections qu’Averroès et Maimonide élevaient contre le système de Ptolémée, la théorie qu’Al Bitrogi voulait substituer à ce système.
AVERROÈS
De tous les Péripatéticiens arabes, il n’en est aucun qui ait eu plus de renommée au sein de la Chrétienté occidentale, qui ait exercé, sur la Scolastique latine, une plus profonde influence qu’Aboul Welid Mouhammed ben Ahmed ben Rochd al Maliki de Cordoue (vers 1120-1198). Transformé en Aben Rost par les traducteurs juifs du Moyen Âge, en Avenroys, puis Averroès par les Scolastiques latins, le nom d’Ibn Rochd devait, jusqu’en plein xvie siècle, retentir dans les débats des écoles d’Europe.
Averroès avait été tout particulièrement soumis à l’influence des sages qui repoussaient les hypothèses de l’Almageste. « Par sa philosophie[1], il relève directement d’Ibn Bâdja ; Ibn Tofaïl (l’Abubacer des scholastiques) fut l’artisan de sa fortune ». Sa formation intellectuelle le prédisposait donc à la lutte contre le système de Ptolémée.
Il n’y était pas moins disposé par son admiration fanatique[2] pour Aristote. Aristote, dit Ibn Rochd dans la préface de son commentaire à la Physique, « a fondé et achevé la Logique, la Physique et la Métaphysique. Je dis qu’il les a fondées, parce que tous les ouvrages qui ont été écrits avant lui sur ces sciences ne valent pas la peine qu’on en parle, et ont été éclipsés par ses propres écrits. Je dis qu’il les a achevées, parce qu’aucun de ceux