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LA COSMOLOGIE DE PLATON


Soleil commence] à s’éloigner du Nord (le solstice d’été). — (Τῶν ἑπτὰ πλανητῶν ἐπὶ ταυτῇ ἡμέρᾳ τῆς ἐξ ἄρϰτου φορᾶς ἐπάνοδος).

» [Cette année-là], Héraclite la compose de dix-huit mille années solaires ; Diogène le Stoïque l’évalue à trois cent soixante-cinq années dont chacune est aussi longue que l’année considérée par Héraclite. »

Aux renseignements donnés par Jean Stobée sur les divers cycles astronomiques partiels et sur ce cycle astronomique total qui constitue la Grande Année par excellence, il convient de joindre ceux que nous devons à Censorin[1] :

« Il y a plusieurs autres grandes années, comme l’année métonique, composée par l’athénien Méton de dix-neuf années solaires ; aussi l’appelle-t-on ἐννεαδεϰαετηρίς ; on y intercale sept mois et l’on y compte six mille neuf cent-quarante jours.

» On distingue aussi l’année du pythagoricien Philolaüs, formée de cinquante-neuf ans et de vingt-et-un mois intercalaires ; l’année de Calippe de Cyzique, composée de soixante-seize ans avec intercalation de vingt-huit mois ; l’année de Démocrite, formée de quatre-vingt-deux ans et de vingt-huit mois intercalaires ; puis celle d’Hipparque, composée de trois cent-quatre ans, avec l’intercalation de cent-douze mois.

» Il y a encore l’Année qu’Aristote appelle très grande plutôt que grande, et qui est formée par les révolutions du Soleil, de la Lune et des cinq étoiles errantes, lorsque tous ces astres sont revenus à la fois au point céleste d’où ils étaient partis ensemble. Cette Année a un Grand Hiver appelé par les Grecs ϰαταϰλυσμός (inondation) et par les latins diluvium ; elle a aussi un été que les Grecs nomment ἐϰτύρωσις ou incendie du Monde. Le Monde, en effet, doit être, tour à tour inondé ou embrasé à chacune de ces époques.

» Cette Année-là, d’après l’opinion d’Aristarque, se compose de deux mille quatre cent-quatre-vingt-quatre années solaires ; suivant Arétès de Dyrrachium, de cinq mille cinq cent-cinquante-deux ans ; suivant Héraclite et Linus, de dix mille huit cents ans ; suivant Dion de dix mille huit cent-quatre-vingt-quatre ans ; suivant Orphée, de cent mille vingt ans ; suivant Cassandre, de trois millions six cent mille ; d’autres enfin, ont considéré cette année comme infinie et comme ne devant jamais recommencer. »

Censorin donne, à la Grande Année d’Héraclite, une durée de dix mille huit cents ans ; Jean Stobée la faisait de dix-huit mille

  1. Censorinus, De die natali cap. XVIII.