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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


nombreuses observations astronomiques. Il a composé un grand nombre de livres dont un, écrit dans l’Inde vers 1031, « présente un tableau littéraire et scientifique de la presqu’île au moment où les armées musulmanes y pénétrèrent pour la première fois. On y voit successivement apparaître les principaux travaux littéraires, philosophiques et astronomiques des Indiens, le tableau de leurs ères, la manière dont ils comptaient les jours, les mois, les années et les cycles. »

Or Massoudi écrit[1] : « Parmi les indiens, il y en a qui croient qu’au bout de certaines périodes, la vie recommence. Quand cet intervalle est parcouru, le Monde se retrouve au point d’où il était parti. Une nouvelle race apparaît dans l’Univers, l’eau circule de nouveau dans le sein de la Terre, le sol se recouvre de gazon, les animaux se remettent, en mouvement etl le zéphyr rend la vie à l’air.

» La plupart des indigènes se représentent les diverses révolutions auxquelles le Monde est sujet sous l’image de cercles. Ces révolutions, comme les êtres animés, ont un commencement, un milieu et une fin. Le plus grand cercle, celui qui embrasse les autres, porte le nom de vie du Monde. Entre le commencement et la fin, il y a un intervalle de trente-six mille années multipliées par douze mille ; cet intervalle a reçu le nom de hazervan. Les cercles s’élargissent ou se rétrécissent suivant le plus ou moins de longueur de la révolution qu’ils représentent. »

Cet intervalle de temps, est appelé par les Arabes jour du sindhind et jour du Monde.

« Dans son Ketab-altanbyh, Massoudi fixe le nombre des années du sindhind, à partir du moment où les astres se mirent en marche jusqu’au jour où ils seront ramenés au même point, à quatre milliards trois cent vingt millions d’années. »

Selon Albyrouny, cette durée de quatre milliards trois cent vingt millions d’années forme un kalpa. Les Indiens le nomment non seulement kalpa, mais encore manaouantara ; selon le traité sanscrit Harivansa, à chaque manaouantara, la Nature se renouvelle.

Au sujet de cet espace de temps, Al Byrouny écrit encore[2] :

« On appelle les jours du Monde l’espace de temps pendant lequel les astres accomplissent leur révolution entière et reviennent au même point. Chaque peuple a fait usage d’une révolution particulière. La plus célèbre est celle des Indiens, appelée du

  1. Reinaud, Op. laud., pp. 328-329.
  2. Reinaud, Op. laud., pp. pp. 351-352.