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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

» Mais pour qu’il y eût une mesure claire de leurs rapports de lenteur ou de vitesse,…, Dieu alluma dans le deuxième cercle au-dessus de la Terre cette lumière que nous nommons maintenant le Soleil, afin qu’elle brillât du plus vif éclat dans toute l’immensité des cieux ; par lui, tous les êtres vivants auxquels cette connaissance convenait, ont eu la notion du nombre, notion liée du retour périodique d’une même chose, toujours semblable à elle-même. C’est donc ainsi et par ces raisons que furent produits le jour et la nuit, dont la réunion est la période de la révolution unique et, de toutes, la plus sage.

» Quant, au mois, il dut être accompli après que la Lune, ayant parcouru son cercle, fût revenue en conjonction avec le Soleil ; et l’année, lorsque le Soleil aurait parcouru son cercle propre. Pour ce qui est des révolutions des autres planètes, les hommes, sauf un petit nombre d’entre eux, ne les ont pas observées ; ils ne leur donnent pas de noms particuliers ; ils ne s’appliquent point à les comparer les unes aux autres en déterminant leurs rapports numériques ; en sorte qu’ils ignorent, pour ainsi dire, qu’un temps soit marqué pour chacune des périodes planétaires, dont la multitude embarrasse et dont la variété est prodigieuse. »

Les marches errantes périodiques (πλάναι) dont Platon mentionne ici la multitude et la variété, ne sont évidemment pas les seules révolutions planétaires ; celles-ci sont seulement au nombre de cinq ; ni ce nombre, ni leur simplicité, ne saurait justifier les paroles de Timée ; assurément, il ne veut pas simplement faire allusion aux durées de ces révolutions ; il songe aussi aux durées qui séparent deux conjonctions successives de deux astres errants déterminés, deux dispositions semblables de certaines planètes ; le mois, temps qui s’écoule entre deux conjonctions successives du Soleil et de la Lune, est la plus simple et la plus obvie de ces durées ; mais, sans aucun doute, les astrologues, en leurs pronostics, en considéraient déjà d’autres, et de plus compliquées.

De tous ces retours périodiques, le plus complet est celui qui, prenant les sept astres errants en une certaine configuration et en une certaine position par rapport aux étoiles fixes, les ramènerait à former une configuration, à occuper une position identiques à celles-là.

« Il n’en est pas moins possible, dit Timée, de concevoir que le nombre parfait du temps (τέλεος ἀριθμὸς χρόνου) est accompli et que l’année parfaite (τέλεος ἐνιαυτός) est révolue lorsque toutes les huit révolutions, dont les vitesses sont différentes, venant à s’achever ensemble, [tous les astres] se retrouvent comme au point de