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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


Πολιτείᾳ παρὰ Πλάτωνι λεγομένων. Du fuseau et des gaines dont il est question dans la République de Platon. Théon de Smyrne nous a conservé[1] le titre de cet ouvrage et le résumé de quelques-unes des théories qui s’y trouvaient exposées.

Théon de Smyrne avait également donné[2] une interprétation de l’allégorie du fuseau de la Nécessité en un commentaire, aujourd’hui perdu, à la République de Platon ; il avait, en outre, fabriqué un agencement mécanique de sphères selon la description donnée par cette allégorie,

Dans les temps modernes, de nombreux auteurs ont discuté les particularités du fuseau et des gaines imaginées par Platon : parmi ces auteurs, bornons-nous à citer Th.-H. Martin[3].

La signification de ce mythe est, d’ailleurs, presque en tout point, transparente ; comme le fait remarquer Théon de Smyrne[4], « les gaines creuses, emboîtées les unes dans les autres, qui entourent l’axe du fuseau sont les sphères des astres, savoir, à l’intérieur, les sept sphères des astres errants, et, à l’extérieur, la première sphère, celle des étoiles fixes. » En ce qui est dit ici au sujet du sens et de la vitesse du mouvement de chacune de ces sphères, nous reconnaissons très exactement tout ce que nous avons lu au Timée.

Un seul point prête à discussion : Les anneaux diversement colorés que voient Er et ses compagnons sont inégalement larges, et Platon nous dit en quel ordre se rangent ces largeurs différentes ; ces largeurs, que représentent-elles ?

Th.-H. Martin a proposé une interprétation subtile que G. Schiaparelli[5] regarde comme la plus satisfaisante qui ait été donnée jusqu’ici. Cette interprétation suppose que Platon ait connu les excursions en latitude des astres errants ; par suite de ces excursions, certains de ces astres peuvent s’approcher de l’équateur plus que certains autres ne sauraient le faire ; parmi les cer-

  1. Théon de Smyrne, Op. laud., c. XLVI ; éd. Th.-H. Martin, p. 327 ; éd. J. Dupuis, p. 323.
  2. Théon de Smyrne, Op. laud., cc. XVI et XXIII ; éd. Th.-H. Martin, pp, 203 et 215 ; éd. J. Dupuis, pp. 238-239 et pp. 244-245. — Il semble bien qu’en ces passages, Théon s’attribue à lui-même le commentaire et la construction mécanique, et qu’il ne les attribue pas à Adraste d’Aphrodisias ; v. Th.-H. Martin, Op. laud., De Theonis Smyrnæi Astronomia Dissertatio, Pars I, cap. I, § 6, pp. 22-23 et Pars II, cap. III § 15, p. 79.
  3. Th.-H. Martin, Op. laud.,, Notæ in Theonis Smyrnæi Astronomiam, nota R, pp. 361-366.
  4. Théon de Smyrne, Op. laud., c. XVI ; éd. Th.-Martin, p. 195 ; éd. J. Dupuis, pp. 232-235.
  5. G. Schiparelli, I Precursori Copernico nell’ Antichità, cap. II [Memorie del R. Instituto Lombardo di Scienze e Lettere. Classe de Scienze mathematiche et naturali, vol. XII (série III, vol, III), p. 392 ; 1873].