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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

Dès le lendemain du solstice d’été, le Soleil, continuant à décrire l’écliptique, se mettra à descendre vers le sud et à se rapprocher de l’équateur ; le mouvement diurne donnera une suite de petits cercles parallèles entre eux, de plus en plus larges et de plus en plus méridionaux. Il en sera ainsi jusqu’au jour de l’équinoxe d’automne ; ce jour-là, le Soleil, ayant parcouru la moitié de l’écliptique, passera par la seconde intersection de l’écliptique et de l’équateur ; le mouvement diurne fera, de nouveau, décrire au point figuratif le grand cercle équatorial.

À partir de l’équinoxe d’automne, nous verrons se succéder des effets tout semblables à ceux qui se sont produits après l’équinoxe de printemps ; mais ils auront pour siège l’hémisphère austral de la sphère céleste et non plus l’hémisphère boréal. De jour en jour, les petits cercles engendrés par le mouvement diurne iront se rétrécissant et descendant vers le sud jusqu’au jour du solstice d’hiver. Au moment de ce solstice, le Soleil, qui aura décrit les trois quarts de l’écliptique, se trouvera aussi loin de l’équateur qu’il s’en peut écarter vers le sud. Ce jour-là, le point figuratif, entraîné par le mouvement diurne, décrira le plus méridional de tous les petits cercles ; égal au tropique du Cancer, aussi éloigné de l’équateur vers le sud que le tropique du Cancer l’est vers le nord, ce petit cercle sera le tropique du Capricorne.

À partir du tropique du Capricorne, le petit cercle engendré chaque jour par le mouvement diurne va s’élargissant et remonte vers l’équateur avec lequel il se confond le jour où le Soleil atteint, de nouveau, le point équinoxial du printemps.

N’allons pas croire, cependant, que la trajectoire, sur la sphère céleste, du point qui représente te Soleil, se décompose vraiment ainsi en une suite d’autant de cercles distincts et parallèles entre eux qu’il y a de jours dans l’année : comment le Soleil sauterait-il, chaque jour, d’un cercle au cercle suivant ? Nous avons obtenu cet aspect parce que, chaque jour, nous avons séparé et supposé successivement produits le mouvement sur l’écliptique et le mouvement diurne ; or ces deux mouvements se font simultanément et, à chaque instant du jour, se composent entre eux. Aussi la trajectoire du Soleil sur la sphère céleste est-elle une ligne continue ; elle est représentée non par une suite de cercles, mais par une sorte, de ligne spirale dont chaque tour correspond à un jour. Les anciens traités de Cosmographie comparaient volontiers cette spirale à la corde qu’un enfant enroule sur sa toupie avant de la lancer. Cette comparaison, cependant, pèche en un point ; la ficelle de la toupie a, dans toute sa longueur, la même grosseur ; les spires