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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

Ces sept nombres


dont le dernier est égal à la somme des six premiers, jouaient sans doute un rôle important en l’Arithmétique pythagoricienne.

Les sept orbes ainsi découpés doivent tous tourner d’Occident en Orient autour d’un même axe, oblique à l’axe qui demeure fixe pendant la rotation d’Orient en Occident de l’orbe suprême ; mais ils ne tournent pas tous avec la même vitesse ; trois d’entre eux, le second, le troisième et le quatrième, ont une commune vitesse de rotation ; mais le premier tourne plus vile que ces trois-là, tandis que du quatrième au septième, la vitesse angulaire de rotation va en décroissant.

Ces globes formés[1] « afin que le temps fût créé, ἵνα γεννηθῇ χρόνος », le Soleil, la Lune et les cinq astres errants furent engendrés, et chacun d’eux fut placé dans un des orbes intermédiaires entre la Terre et l’orbe suprême.

La Lune siégea dans l’orbe le plus voisin de la Terre ; le Soleil occupa le second orbe ; le troisième fut la sphère de Vénus : le quatrième, la sphère de Mercure ; les trois derniers furent, dans l’ordre de succession, attribués à Mars, à Jupiter et à Saturne. Timée sous-entend, on n’en peut douter, que les étoiles fixes furent semées au sein de l’orbe suprême.

Chacun de ces globes se trouve, d’après ce qui a été dit, animé de deux mouvements[2]. L’un est le mouvement de l’essence d’identité, mouvement plus rapide que tous les autres, constitué par une rotation uniforme, d’Orient en Occident, autour de l’axe du Monde. L’autre est le mouvement de l’essence de diversité ; il est particulier à chacun des sept orbes des astres errants ; il consiste en une rotation uniforme d’Occident en Orient autour d’un axe oblique au précédent ; très lente pour les plus grands orbes, cette rotation est plus rapide pour les orbes les plus rapprochés de la Terre ; mais elle est toujours fort inférieure en vitesse angulaire au mouvement diurne de l’orbe suprême.

Les astres pour lesquels le mouvement de l’essence de diversité est le plus rapide sont donc ceux « qui, dans le mouvement résultant, vont le plus lentement de l’Orient vers l’Occident ; en cette marche résultante, ils se trouvent dépassés par ceux dont le mouvement propre est plus lent.

Animé de ces deux mouvements de rotation dont les axes sont

  1. Platon, Timée, 38 ; éd cit, pp. 209-210.
  2. Platon, Timée, 39-40 ; éd cit, pp. pp, 210-211.