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LA COSMOLOGIE DE PLATON

Nous ne saurions remarquer avec trop d’attention cette interprétation de la gravité donnée par Platon. Aristote la combattra pour lui substituer sa théorie du lieu naturel qui, pendant de longs siècles, dominera toute la Mécanique des choses sublunaires. L’un des premiers effets de la révolution copernicaine sera de remettre en faveur la théorie de la pesanteur proposée par Platon, de la modifier en l’étendant de la terre aux divers astres, et de ménager par là une sorte de transition entre la théorie péripatéticienne du lieu naturel et la théorie newtonienne de l’attraction universelle.


VII
L’ASTRONOMIE DE PLATON. LA FORME DE L’UNIVERS
ET LES DEUX MOUVEMENTS PRINCIPAUX


L’Univers étant formé des quatre éléments, le feu et la terre d’abord, puis l’air et l’eau qui les relient, Dieu lui a donné une figure[1] ; la figure qu’il lui a donnée est la plus parfaite, celle qui est toujours et partout semblable à elle-même, partant la plus belle, celle de la sphère ; il a donc tourné le Monde en un globe exactement poli.

À ce monde sphérique, il a attribué le mouvement qui lui convenait le mieux[2].

Sept mouvements sont concevables ; en premier lieu, le mouvement circulaire par lequel un corps tourne sur lui-même ; puis les six mouvements rectilignes vers le haut, vers le bas, en avant, en arrière, à droite, à gauche. Laissant de côté ces six derniers mouvements, Dieu a donné au Monde le mouvement de rotation sur lui même, qui convient à la figure sphérique. Ainsi fut donc formé un ciel, limité par deux sphères concentriques, destiné à se mouvoir du mouvement de rotation uniforme.

Cet orbe céleste, à son tour, Dieu l’a partagé en deux orbes contigus et concentriques l’un à l’autre ; à l’orbe extérieur, il a donné un mouvement de rotation d’Orient en Occident autour d’un certain axe qui sera l’axe du Monde ; l’orbe intérieur aura pour apanage un mouvement d’Occident en Orient autour d’un axe oblique au précédent, qui sera l’axe normal au plan de l’écliptique.

  1. Platon, Timée, 33 ; éd. cit., p. 206.
  2. Platon, Timée, 34 ; éd. cit., p. 207.