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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


thèse de l’excentrique, car elle est plus simple ; elle s’accomplit à l’aide d’un seul mouvement, et non point de deux mouvements. »

Si Ptolémée, dans la théorie du Soleil, s’écarte ainsi de la tradition d’Hipparque, le changement qu’il propose ne saurait avoir aucune influence sur les mouvements apparents de l’astre. Autrement graves et importantes sont les innovations qu’il introduit dans la théorie de la Lune et des cinq planètes. Pour exposer ces innovations, nous commencerons par étudier les astres auxquels le système de Ptolémée attribue les mouvements les moins compliqués après celui du Soleil ; ces astres sont la planète Vénus et les trois planètes supérieures.



Pour rendre compte de la double anomalie de Vénus, Ptolémée[1] suppose que l’astre V (fig. 8) décrit, en un temps qui est la durée de révolution synodique, un cercle épicycle ε, tandis qu’en un an, le centre γ de cet épicycle décrit, d’Occident en Orient, un cercle déférent D dont le centre Δ est distinct du centre du Monde. La rotation de l’astre V sur l’épicycle ε est, d’ailleurs, de même sens que la rotation du centre γ sur le déférent D.

En admettant une semblable hypothèse, Ptolémée n’innove pas ; nous avons vu au § V qu’elle avait été adoptée déjà, sinon par Hipparque, du moins par des astronomes qui vivaient avant Pline l’Ancien.

Mais à ces hypothèses connues depuis un siècle au moins, Ptolémée en adjoint une autre qu’il paraît avoir conçue le premier, et qui s’écarte grandement des règles imposées à l’Astronomie mathématique par les Pythagoriciens et par Platon.

Selon ces règles, le point γ doit décrire le déférent D d’un mouvement uniforme et l’astre V doit décrire l’épicycle ε d’un mouvement également uniforme. Pour préciser, on doit imaginer que la ligne γV décrit, autour du point γ, des angles égaux en des

  1. Claude Ptolémée, Composition mathématique livre X, ch. II ; éd. Halma, t. II, pp. 183-184 ; éd. Heiberg, pars II, Γ′, β′, p. 209-302.