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L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES

XI
LE SYSTÈME ASTRONOMIQUE DE PTOLÉMÉE

Après qu’il a formulé et prouvé les postulats, empruntés à la Physique, dont son Astronomie fera usage, Ptolémée poursuit en ces termes[1] : « Ces hypothèses, qu’il était nécessaire de poser tout d’abord, en vue de certaines parties de notre enseignement et des conséquences qui en découlent, il nous suffira de les avoir présentées, jusqu’à un certain point, comme en des résumés, car elles seront établies et confirmées d’une manière pleinement satisfaisante par l’accord que présenteront, avec les apparences, les conséquences qui en seront déduites plus tard.

» Mais outre ces postulats, on pourrait très justement penser qu’il convient de poser ce principe général : Il y a, dans le Ciel, deux espèces différentes de mouvements principaux. »

De ces deux espèces, la première est représentée par le mouvement diurne qui entraîne tous les corps célestes dans une révolution d’Orient en Occident autour de l’axe du Monde.

La seconde comprend les divers mouvements qui s’accomplissent, en général, d’Occident en Orient dans des plans sensiblement parallèles à l’écliptique.

Un de ces mouvements-là affecte même les étoiles fixes ; c’est le mouvement de précession des équinoxes dont nous ne parlerons pas ici, car un prochain chapitre lui doit être consacré. Les autres sont les mouvements propres des divers astres errants ; nous allons voir comment Ptolémée les imagine.

Les anomalies apparentes que l’on observe dans le mouvement du Soleil peuvent toutes être sauvées, comme Hipparque l’a montré, soit qu’on fasse décrire uniformément au Soleil un excentrique fixe, soit que, chaque, année, on lui fasse parcourir un épicycle dont le centre, dans le même temps, décrit un cercle déférent concentrique à la Terre. Hipparque, au dire d’Adraste d’Aphrodisias et de Théon de Smyrne, usait de préférence de cette seconde manière de représenter le mouvement du Soleil. « Mais, écrit Ptolémée[2], il serait plus conforme à la raison de s’attacher à l’hypo-

  1. Claude Ptolémée, Composition mathématique livre I, ch. VII ; éd. Halma, t. I, p. 21 ; éd. Heiberg, pars Ι, Α’, η’, p. 26.
  2. Claude Ptolémée, Composition mathématique livre III, ch. IV ; éd. Halma, t. I, pp. 183-184 ; éd. Heiberg, pars Ι, Γ’, δ’, p. 232.