sembleraient pas moins abandonnés en arrière par le mouvement commun à ces deux corps, [la terre et l’air] ; si même ces corps étaient entraînés par l’air comme s’ils ne faisaient qu’un avec lui, jamais aucun d’entre eux ne semblerait marcher ni plus vite, ni moins vite que [l’air et la terre] ; ils paraîtraient toujours immobiles ; soit qu’ils volent, soit qu’ils aient été jetés, ils n’avanceraient ni ne reculeraient jamais, ce que, cependant, nous leur voyons faire à tous d’une manière si manifeste ; ainsi, de ce que la terre ne demeure point immobile, il résulterait que ces corps ne possèdent plus aucune lenteur ni aucune vitesse. »
Une telle Physique nous surprend et nous nous étonnons qu’un Ptolémée ait pu accorder quelque valeur à ces arguments ; notre surprise sera moindre si nous voulons bien songer que le mouvement des projectiles semblait aux anciens une désespérante énigme. Pour expliquer le mouvement que la flèche accomplit après qu’elle a quitté l’arc, Aristote, nous l’avons vu[1], voulait qu’elle fût portée par l’air, au sein duquel se propage un ébranlement né du rapide mouvement de la corde. Il est probable que, jusqu’au temps de Jean Philopon[2], cette explication fut admise par presque tous les philosophes ; un texte d’Hipparque, qu’on a cité à l’encontre de cette théorie, n’est nullement probant[3]. Il n’est pas étonnant que des physiciens, réduits à rendre compte du mouvement des projectiles par une semblable théorie, aient pu se contenter des très pauvres raisons que Ptolémée oppose à l’hypothèse de la rotation terrestre.
Si l’on eût dit à Ptolémée que ses raisonnements de Physique étaient dépourvus de toute rigueur et de toute force démonstrative, peut-être eût-il répondu qu’il s’en doutait bien ; il eût, sans doute, ajouté qu’il n’en pouvait être autrement ; c’est, du moins, ce qu’il nous est permis de supposer lorsque nous lisons la lettre par laquelle L’Astronome de Péluse dédie la Composition mathématique à son frère Syrus[4].