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L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


postulats physiques, formulés à peu près de la même manière :

L’Univers est limité ; il a la forme d’une sphère.

Le Ciel se meut d’un mouvement de rotation uniforme, le mouvement diurne ; certains astres errants se meuvent, en outre, d’un mouvement propre.

La Terre est sphérique ; elle occupe le centre du Monde ; elle est comme un point à l’égard de l’immensité de l’Univers.

Non seulement ces propositions se retrouvent, énoncées presque dans les mêmes termes, chez les divers auteurs dont nous possédons les ouvrages, mais il semble que des habitudes traditionnelles se soient établies parmi eux au sujet des raisons de Physique qu’il convient d’invoquer en faveur de ces postulats ; ces raisons, qui varient peu d’un auteur à l’autre, sont empruntées les unes aux De Cælo d’Aristote, les autres à des ouvrages plus récents et moins profonds, parmi lesquels le traité de Posidonius paraît avoir joui d’une vogue particulière.

Ces raisons, d’ailleurs, sont, pour la plupart, assez peu démonstratives ; la sphéricité de la terre, en particulier, est prouvée par des arguments qui sont loin d’avoir la portée qu’on leur attribue.

Dercyllide avait demandé que le physicien distinguât avec soin, dans l’Univers, ce qui est immobile de ce qui se meut ; là-dessus, il avait maudit l’impiété de ceux qui font mouvoir la Terre ; mais, en faveur de l’immobilité de ce corps, avait-il invoqué quelque preuve de Physique ? Nous l’ignorons.

Les autres auteurs que nous avons eu occasion de citer admettent l’immobilité de la Terre sans aucune discussion, le plus souvent même sans en faire mention. Ptolémée innovera donc lorsque, reprenant la tradition d’Aristote, il fera de l’immobilité de la Terre l’objet d’un postulat explicite et d’une démonstration spéciale.


VIII
L’Almageste ET LES POSTULATS PHYSIQUES DE L’ASTRONOMIE

Lorsqu’il a conçu le plan de la Composition mathématique, Ptolémée a voulu que ce grand ouvrage fût très exactement construit suivant la méthode que les astronomes de son temps jugeaient la plus parfaite. Il n’a donc pas omis d’énoncer et d’établir, dès le début, les propositions de Physique sans lesquelles les théories