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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


peut être assez exactement déterminée ; on y trouve[1] des observations astronomiques faites en la quatrième année d’Antonin (141-142 après J.-C.). D’autre part, Ptolémée est revenu ultérieurement, en particulier dans son écrit intitulé Hypothèses des planètes, sur quelques parties de la Syntaxe ; or, une inscription astronomique, ordinairement jointe aux Hypothèses, et qui corrige quelques déterminations données dans la Composition mathématique, est datée de la dixième année d’Antonin (146-147 après J.-C.). Un peut donc affirmer que l’Almageste a été achevé au plus tôt en l’an 142 et au plus tard en l’an 146 de notre ère.


VI
LES POSTULATS PHYSIQUES DE L’ASTRONOMIE CHEZ LES PRÉDÉCESSEURS DE PTOLÉMÉE

Héritier de toute la tradition scientifique et philosophique de l’Hellade, ce séjour de prédilection de l’esprit logique, Ptolémée se montre soucieux au plus haut point de se conformer, en toutes choses, aux règles d’une méthode rigoureuse. Sa Composition est faite tout entière sur le plan que les sages des siècles antérieurs avaient tracé à la future Astronomie.

Le platonicien Dercyllide, qui vivait au temps d’Auguste, avait compose un ouvrage intitulé : Περὶ τοῦ ἀτράϰτου ϰαὶ τῶν σφονδύλων ἐν τῆ Πολιτείᾳ παρὰ Πλάτωνι λεγομένωνDu fuseau et des gaines dont il est question dans la République de Platon. Cet écrit renfermait des théories astronomiques dont Théon de Smyrne nous a conservé le résumé[2]. Dercyllide y prescrivait[3] l’ordre selon lequel, à son avis, devait procéder l’astronome.

« De même, disait-il, qu’en Géométrie et en Musique, il est impossible, sans faire d’hypothèses, de déduire les conséquences des principes, de même, en Astronomie, faut-il exposer, en pre-


    de Claude Ptolémée, traduite pour la première fois du Grec en Français, sur les manuscrits originaux de la Bibliothèque Impériale de Paris, par M. Halma ; et suivie des notes de M. Delambre. Tome I (Livres I à VI), Paris, 1813 ; tome II (Livres VII à XIII), Paris, 1816. La traduction de l’abbé Halma ne mérite aucune confiance. — Claudii Ptolemæi Opera quæ exstant omnia. Syntaxis mathematica. Edidit J-L. Heiberg. Pars I (Libros I-VI continens), Lipsiæ, MDCCCLXXXXVIII ; Pars II (Libros VII-XIII continens), Lipsiæ, MDCCCCIII.

  1. Par exemple, au Livre IX, ch. I (Ed. Halma, t. II, p. 167 ; éd. Heiberg, pars II, Θ′, ς′, p. 263).
  2. Theonis Smyrnæi Liber de Astronomia, capp. XXXIX ad XLIII
  3. Theon de Smyrne, Op. laud., ch. XLI ; éd. Th. H. Martin, pp. 326-329 ; éd. J. Dupuis, pp. 322-323.