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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


la définition qu’il en donne, dans un certain passage, est singulièrement obscure ; il semble qu’il y voie quelque chose d’analogue aux solstices du Soleil ; toutefois, dans un autre passage, il s’exprime en termes qui sont plus clairs, ou du moins qui le deviennent si l’on prend soin d’entendre que, sauf pour le Soleil, il s’agit du centre de l’épicycle là où Pline parle de l’astre même. Voici ce passage[1] :

« Les absides les plus éloignées du centre de la Terre se trouvent donc, pour Saturne, dans le Scorpion ; pour Jupiter, dans la Vierge ; pour Mars, dans le Lion ; pour le Soleil, dans les Gémeaux ; pour Vénus, dans le Sagittaire ; pour Mercure, dans le Capricorne ; elles se trouvent toutes dans la région moyenne de ces signes.

» À l’opposé, se trouvent les points les plus bas et les plus voisins du centre de la Terre.

» Il arrive ainsi que ces astres semblent se mouvoir plus lentement lorsque l’arc qu’ils parcourent est plus élevé ; ce n’est pas que leurs mouvements naturels s’accélèrent ou se retardent, car ces mouvements sont invariables et propres à chacun d’eux ; mais cela provient de ce que les rayons issus des points voisins du sommet de l’abside se resserrent nécessairement lorsqu’ils s’approchent du centre, comme le font les rayons d’une roue ; le mouvement paraît donc tantôt plus grand, tantôt plus petit, en raison du plus ou moins de proximité au centre. »

Chose digne de remarque, plusieurs des déterminations d’apogée indiquées par Pline se trouvent être peu différentes de celles qu’adoptera Ptolémée.

Pline place l’apogée du Soleil vers le milieu des Gémeaux ; Hipparque, en effet, avait placé cet apogée à et demi du principe de ce signe, et Ptolémée le retrouvera à peu près dans la même position.

Pline place l’auge de Saturne vers le milieu du signe du Scorpion et l’auge de Jupiter vers le milieu du signe de la Vierge ; or, Ptolémée trouvera le premier point[2] à 23° du principe du Scorpion et le second point[3] à 11° de l’origine de la Vierge.


    de ce qui est dû au mouvement propre de l’astre ; les absides, alors, au lieu d’être de simples points, sont les cercles que ces points décrivent par le mouvement diurne, de même que les points solsticiaux de l’écliptique décrivent les deux tropiques.

  1. Pline, Op. laud., lib. II, cap. XVI.
  2. Claude Ptolémée,Op. laud., lib. XI, ch. V ; éd. Halma, p. 283 ; éd. Heiberg, vol. II, IA′, ε′, p. 412.
  3. Claude Ptolémée,Op. laud., lib. XI, ch. I ; éd. Halma, p. 258 ; éd. Heiberg, vol. II, IA′, α′, p. 412.