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L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


les mémoires du Bithynien, que nous ne possédons plus, et, mieux que personne, il pouvait les lire et les juger.

Admettons donc qu’Hipparque s’était borné à mettre en ordre les observations relatives aux planètes ; il nous faudra bien supposer que quelque autre astronome, après lui, mais bien avant Ptolémée, avait fait un progrès plus considérable dans la théorie des cinq astres errants et avait, en particulier, déterminé la position de leurs absides ; nous y serons contraints par le témoignage formel de Pline l’Ancien.

Le centre de l’épicycle du Soleil décrit, en un an, d’Occident en Orient, un cercle concentrique à la Terre ; le Soleil lui-même parcourt l’épicycle, en un an, dans un sens de rotation opposé au précédent ; ces deux mouvements peuvent se composer en un seul, qui fasse circuler le Soleil d’Occident en Orient, en un an, sur un excentrique fixe. La fixité de cet excentrique est, bien entendu, rapportée aux étoiles qui ont elles-mêmes reçu le nom de fixes ; comme ces étoiles, l’excentrique du Soleil est entraîné par le mouvement diurne.

Le diamètre qui passe par le centre de la Terre et le centre de l’excentrique marque, sur ce cercle, le point où le Soleil est apogée et se trouve le plus distant de la Terre, ainsi que le point où le Soleil est périgée et se trouve le plus voisin de la Terre. Cette ligne des absides garde une direction invariable par rapport aux étoiles fixes. Nous avons vu qu’Hipparque avait déterminé cette direction.

Rien d’analogue à ce que nous venons de dire ne se présente dans l’étude du mouvement d’une planète, si ce mouvement se réduit au parcours d’un épicycle dont le centre décrit un cercle concentrique à la Terre. Ce mouvement équivaut alors, nous l’avons vu, au parcours d’un excentrique mobile dont le centre décrit un cercle concentrique à la Terre. La planète, il est vrai, atteint encore sa plus grande ou sa plus petite distance à la Terre lorsqu’elle vient se placer sur la ligne qui passe par le centre de la Terre et le centre de l’excentrique ; mais cette ligne tourne autour de la Terre en même temps que le centre de l’excentrique ; il en résulte qu’au moment où la planète est apogée ou périgée, elle peut se projeter en un point quelconque de l’écliptique ; à cette planète ne correspond plus une ligne des absides de direction invariable par rapport aux étoiles fixes.

Adraste d’Aphrodisias, qui écrit entre le temps d’Hipparque et celui de Ptolémée, ne connaît que cette forme simplifiée de la théorie des planètes ; il enseigne, et son disciple Théon de Smyrne