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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


de ces lois, l’astronome doit fixer les valeurs de ces divers éléments, de telle sorte qu’il ne demeure plus rien d’arbitraire dans le système de mouvements circulaires et uniformes hypothétiquement attribué à la planète.

L’astronome doit enfin montrer que les conséquences déduites, à l’aide de la géométrie et du calcul, de cet assemblage de mouvements circulaires et uniformes, s’accordent avec toutes celles des apparences observées qui n’ont pas été déjà employées pour fixer les éléments laissés arbitraires par les spéculations du géomètre.

Tel est le programme selon lequel devait être, au gré de l’Astronome bithynien, construite la théorie des astres errants.

Ce programme, il l’a scrupuleusement suivi lorsqu’il a composé sa théorie du Soleil. Les observations lui ont fourni une évaluation exacte de la durée de l’année, de la durée du printemps et de la durée de l’été. Admettant que le Soleil parcourait un excentrique fixe, ces observations lui ont servi à déterminer les deux éléments que cette hypothèse laissait arbitraires, la position de l’apogée et la valeur de l’excentricité. Une fois ces deux éléments fixés, le cours hypothétique du Soleil s’est trouvé entièrement connu ; Hipparque a pu construire alors des tables qui fissent prévoir, pour chaque instant, la position du Soleil et qui, par leur accord constant avec les observations, confirmassent la théorie.

Ce qu’Hipparque avait si bien fait pour le Soleil, il tenta, mais avec moins de succès, nous l’avons vu, de l’accomplir pour la Lune.

Quant à la théorie des planètes, Hipparque, au rapport de Ptolémée, s’était arrêté à la première partie du programme qu’il s’était tracé ; il s’était contenté de réunir les observations de ses prédécesseurs et les siennes, et de les disposer de telle manière qu’il fût aisé de les discuter et d’en tirer les lois expérimentales des diverses anomalies.


V
D’HIPPARQUE À PTOLÉMÉE. — L’ORDRE DES PLANÈTES.
LA DÉTERMINATION DE LEURS ABSIDES

Ptolémée nous affirme qu’Hipparque n’avait pas été plus loin dans la constitution de la théorie des planètes ; il nous est difficile de révoquer en doute cette affirmation ; Ptolémée avait en mains