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L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


trique fixe, qui avait permis de sauver la marche apparente du Soleil, et l’hypothèse de l’épicycle dont le centre décrit un cercle concentrique au Monde.

Nous devons évidemment conclure de là que ces mathématiciens firent circuler uniformément chaque planète sur un épicycle et qu’ils firent décrire uniformément, au centre de cet épicycle, un cercle excentrique au Monde. Le cours de la planète se trouve ainsi affecté de deux anomalies. L’une, l’anomalie zodiacale, naît de ce fait que le cercle uniformément décrit par le centre de l’épicycle n’a pas pour centre le centre du Monde ; la projection du centre de l’épicycle sur l’écliptique ne décrit donc pas cette écliptique avec une vitesse invariable. L’autre, l’anomalie solaire, est engendrée par la circulation de la planète sur l’épicycle.

Si l’on veut prouver que ces combinaisons de mouvements circulaires et uniformes sont propres à sauver les inégalités du mouvement planétaire, il ne suffit évidemment pas de développer les considérations géométriques purement qualitatives que nous venons d’indiquer ; il faut encore déterminer numériquement les éléments du mouvement attribué à chaque planète, puis construire des tables qui annoncent, pour un temps de très longue durée, les apparences que présentera cette planète, enfin constater que les prédictions de ces tables sont exactement vérifiées par les observations. Or cette œuvre avait été à peine entreprise par les astronomes qui ont précédé Hipparque, et c’est à l’accomplissement de cette tâche que le Bithynien paraît s’être particulièrement attaché.

Par quelle méthode il entendait qu’elle fût menée à bien, Ptolémée nous le dit avec beaucoup de précision.

Hipparque voulait d’abord que l’on recueillit des observations très certaines d’apparences très manifestes et que, par la discussion de ces observations, on établit ce que nous nommerions aujourd’hui certaines lois expérimentales du cours de la planète, qu’on distinguât les diverses anomalies, qu’on déterminât la grandeur que chacune d’elle peut atteindre, qu’on fixât la période dont elle dépend.

Ces lois expérimentales une fois reconnues, l’astronome doit prendre la combinaison de mouvements circulaires par laquelle il est possible, selon le géomètre, de sauver de telles apparences. Cette combinaison dépend d’un certain nombre d’éléments encore indéterminés, tels que la grandeur relative et la position relative des divers cercles, la vitesse angulaire de la circulation qui s’accomplit sur chacun d’eux. À l’aide des lois d’expérience que la discussion des observations lui a fournies, ou de quelques-unes