Page:Duhem - Le Système du Monde, tome I.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
453
L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


que sa vie, dont nous savons fort peu de choses, appartient à la seconde moitié du second siècle avant notre ère.

Il est très malaisé de reconstituer l’œuvre astronomique d’Hipparque.

Il avait composé, sur divers points de la Science, de nombreux opuscules dont, parfois, nous connaissons les titres ; mais tous ces opuscules sont aujourd’hui perdus, sauf un Commentaire aux phénomènes d’Aratus ce dernier était, malheureusement, parmi les écrits du grand astronome, l’un des moins originaux et des moins intéressants.

Lors donc que nous voulons connaître ce qu’enseignait l’Astronome bithynien, nous en sommes réduits à demander des renseignements à ceux qui sont venus après lui ; les renseignements que nous obtenons ainsi ne sont ni nombreux, ni parfaitement précis et concordants.

Adraste d’Aphrodisias donne quelques indications que son disciple Théon de Smyrne nous transmet. Pline l’Ancien, au second livre de son Histoire naturelle, parle de l’œuvre d’Hipparque avec plus d’admiration que de compétence. Ptoléméc, dans l’Almageste, fait, à cette œuvre, de nombreux emprunts et de nombreuses allusions ; mais, dans son exposé, il n’est pas toujours aisé de distinguer ce qui est son apport personnel de ce qui vient de son prédécesseur.

Dans bien des cas, donc, il n’est pas possible de délimiter avec une entière certitude les conquêtes qu’Hipparque a fait faire à l’Astronomie. La grande découverte de la précession des équinoxes, dont nous parlerons dans un prochain chapitre, est celle dont l’histoire se laisse retracer avec le plus d’exactitude. Les points douteux abondent, au contraire, dans l’inventaire des progrès accomplis par le Bithynien au sujet des théories des astres errants.

Le lait que l’hypothèse de l’épicycle et l’hypothèse de l’excentrique sont également propres à sauver les mouvements apparents des astres errants paraît avoir très vivement attiré l’attention d’Hipparque ; Théon de Smyrne, répétant, l’enseignement d’Adraste, nous dit[1] : « Hipparque déclare digne de l’attention du mathématicien la recherche de la cause pour laquelle des hypothèses aussi différentes entre elles que le sont, d’une part, les hypothèses qui usent de cercles excentriques, d’autre part,

  1. Theonis Smyrnæi Liber de Astronomia, cap. XXVI ; éd. Th. H. Martin, pp. 224-245 ; éd. J. Dupuis, ch.  ; éd. J. Dupuis, ch. XXVI ter, pp. 268-269. — Cf. : cap. XXXII ; éd. Th. H. Martin, pp. 292-293 ; éd. J. Dupuis, pp. 298-299.