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L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


ces mouvements est la durée de révolution synodique de la planète.

Telle est l’hypothèse de l’épicycle sous sa forme la plus simple, la seule que les Grecs aient connue jusqu’à Hipparque ou, du moins, jusqu’à une époque voisine de celle où vécut ce géomètre.

Sous cette forme, qui donc en a usé le premier ?

Théon de Smyrne, qui écrit entre le temps d’Hipparque et celui de Ptolémée, s’exprime en ces termes[1] : « Platon semble accorder la préférence à l’hypothèse des épicycles ; ce sont, selon lui, non pas des sphères, mais des cercles qui portent les astres errants ; c’est ce qu’il exprime sous forme énigmatique, à la fin de la République, à l’aide de gaines emboîtées les unes dans les autres… ». Ici, comme en beaucoup d’autres passages de son livre, Théon se borne à reproduire l’enseignement de son maître Adraste d’Aphrodisias.

C’est tout à fait à tort qu’Adraste et Théon mettent au compte de Platon l’hypothèse des épicycles ; on n’en trouve aucune trace dans ses écrits ; Proclus, beaucoup mieux informé, dit, en commentant le Timée[2] : « Ni dans ce dialogue ni dans aucun autre, Platon ne fait la moindre mention d’excentrique ni d’épicycle ».

Le même Proclus, dans son Hypotypose, nous donne[3] le renseignement que voici : « L’histoire nous apprend que l’hypothèse des excentriques et des épicycles a plu à d’illustres Pythagoriciens parce qu’elle est plus simple que toutes les autres ».

Cette courte indication concorde avec celle que Simplicius nous avait donnée touchant les premiers astronomes qui eussent osé faire mouvoir un astre sur un cercle excentrique à la Terre. Il est probable que les dernières Écoles pythagoriciennes de la Grande Grèce ont imaginé ces deux hypothèses de l’excentrique et de l’épicycle, organes essentiels de l’Astronomie qu’allait développer l’École alexandrine.

  1. Theonis Smyrnæi Liber de Astronomia, cap. XXXIX ; éd. Th. H. Martin, pp. 302-303, — Théon de Smyrne Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon ; trad J. Dupuis, Astronomie, ch. XXXIV, pp. 304-305.
  2. Phocli Diadochi In Platonis Timœum commentaria. Ed. Ernestus Diehl, Lipsiæ MCMIV. In Tim. 36. D ; t. II, p. 264.
  3. Hypothèses et époques des pianètes de {{sc|C. Ptolémée} et Hypotyposes de Proclus Diadochus, traduites pour la première fois du Grec en Français par M. l’abbé Halma, Paris, 1820. Hypothèses de Proclus Diadochus philosophe platonicien, ou représentations des hypothèses astronomiques ; pp. 70-71. — Phocli Diadochi Hypothesis astronomicarum positionum. Edidit Carolus Manitius, Lipsiæ, {{rom-maj|MCMIX|1909}, pp. 18-19.