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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


satisfaction aux désirs que ce problème formulait ; par des combinaisons de mouvements circulaires et uniformes, elle sauvera les apparences avec une exactitude dont calculateurs et observateurs se contenteront pendant de longs siècles.

Cette solution est celle qui fait usage de mouvements circulaires excentriques à la Terre et aussi de mouvements épicycles.

L’histoire des efforts qui ont constitué le système astronomique des excentriques et des épicycles peut se partager en trois périodes.

La première période comprend les tentatives qui ont précédé Hipparque.

La seconde embrasse les travaux d’Hipparque et ceux, beaucoup moins importants, des astronomes qui se sont succédés d’Hipparque à Ptolémée.

La troisième retrace l’œuvre de Ptolémée.

Il s’en faut bien que ces trois périodes nous soient également connues.

La troisième, la plus récente est, pour nous, en pleine lumière. Nous possédons la Grande composition mathématique où Ptolémée nous a laissé l’exposé complet de son système ; nous possédons les Hypothèses des planètes, où il a, plus tard, simplifié quelques parties de ce système ; nous pouvons donc avec assurance, et dans les moindres détails, dire quelles étaient les théories astronomiques de Ptolémée.

La seconde période nous apparaît plus incertaine et plus voilée. La plupart des travaux d’Hipparque sont perdus ; ceux qui restent sont des moins importants ; le plus grand nombre des écrits astronomiques composés entre Hipparque et Ptolémée nous sont également inconnus, ou connus seulement par des extraits ou des résumés. Ces extraits et ces résumés, toutefois, nous apportent plus d’un renseignement intéressant ; et, surtout, Ptolémée, dans un grand nombre de chapitres de la Syntaxe, nous parle avec précision et compétence de l’œuvre de son prédécesseur ; aussi plusieurs parties de cette œuvre peuvent-elles être reconstituées avec une entière certitude ou, du moins, avec une grande probabilité.

Quant à la première période, à la plus ancienne, elle se cache, presque en entier, sous des nuages impénétrables. Quelques allusions d’auteurs beaucoup plus récents, un important passage de Ptolémée relatif à deux théorèmes d’Apollonius sont les seuls éclaircissements qui nous puissent diriger au travers de ces épaisses ténèbres.