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CHAPITRE VIII
L’ASTRONOMIE DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES

I
L’ORIGINE DU SYSTÈME DES EXCENTRIQUES ET DES ÉPICYCLES


Le système des sphères homocentriques était condamné dans son principe au moment même où Eudoxe et Calippe s’efforçaient de le constituer ; on savait déjà que plusieurs astres errants avaient des diamètres apparents variables ; on savait donc que ces astres ne demeurent pas toujours à la même distance de la Terre, qu’ils ne sont pas enchâssés dans des sphères solides ayant pour centre le centre de la Terre. Ce système, contredit par les faits dans la proposition même qui le domine tout entier, n’en trouvera pas moins des défenseurs pendant deux mille ans, parce qu’il s’accorde seul avec la Physique d’Aristote et parce que, pendant deux mille ans et plus, il y aura des hommes pour mettre la parole d’Aristote au-dessus du témoignage de leurs yeux.

Le système héliocentrique sauvait de la plus heureuse façon certaines des apparences qui échappaient aux représentations du système des sphères homocentriques ; mais, comme une plante qui aurait germé trop tôt, il a disparu avant de s’être développé, pour ne reparaître que dans les temps modernes.

Le problème que Platon et les Pythagoriciens ont posé aux géomètres et aux astronomes va recevoir une troisième solution ; plus heureuse que les deux autres, cette solution, perfectionnée par des retouches plusieurs fois séculaires, semblera donner