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LES ASTRONOMIES HÉLIOCENTRIQUES


la Terre se meut est supposée précisément égale à celle que nous appelons le Monde. »

Dans tout ce qu’il nous rapporte, le texte d’Archimède offre la précision que l’on pouvait attendre de ce grand géomètre.

Nous y voyons d’abord qu’Aristarque de Samos, en abordant le problème astronomique, se donne, de ce problème, un énoncé tout semblable à celui que Platon proposait aux mathématiciens de son temps ; il cherche à poser des hypothèses telles que la démonstration en déduise des conséquences capables de sauver les apparences.

Ces hypothèses, il les prend autrement que ne les prenaient les astronomes, c’est-à-dire, sans doute, ceux qui professaient l’astronomie des sphères homocentriques.

De ces hypothèses, Archimède nous rapporte les plus essentielles. Ce sont :

La fixité absolue de la sphère des étoiles fixes ;

La fixité absolue du Soleil dont le centre coïncide avec le centre de cette sphère ;

Le mouvement annuel de la Terre sur une circonférence de cercle ayant pour centre le centre du Soleil.

Ces trois hypothèses, Aristarque leur donne un complément d’une extrême importance ; pour qu’elles permettent de sauver les apparences, il faut que le rayon de la sphère des étoiles fixes ait, au rayon de l’orbite terrestre, un rapport immensément grand, sinon les corollaires déduits des hypothèses ne s’accorderaient plus avec les phénomènes ; l’aspect du ciel des étoiles fixes changerait selon que la Terre se trouverait en un point de sa course ou en un autre ; en langage moderne, les étoiles fixes auraient des parallaxes.

Le témoignage d’Archimède touchant le système héliocentrique d’Aristarque de Samos n’a pas besoin d’être confirmé par d’autres témoignages plus récents et moins autorisés. Si une telle confirmation eût été utile, nous l’eussions trouvée en divers passages de Plutarque qui seront cités en ce paragraphe et au suivant ; nous la trouverions également dans ce texte de Stobée[1] :

  1. Stobæi Eclogarum physicarum lib. I, cap. 25 : éd. Meineke, p. 145. Le même texte est donné par le Pseudo-Plutarque (De placitis philosophorum lib. II, cap. 24) et par le Pseudo-Galien (Historia philosophica, cap. 14), mais avec des altérations qui le rendent incompréhensible ou absurde ; v. à ce sujet : G. Schiaparelli,I precursori di Copernico nell’ Antlichità. Documenti giustificativi, XL. [Memorie des R. Instituto Lombardo di Scienze e Lettere. Classe di Scienze matematiche e naturali, vol. XII (3e série, vol. III), 1873, p. 430].