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LES ASTRONOMIES HÉLIOCENTRIQUES

à ce mouvement, décrive, dans le même sens, un cercle AVBV′ plus petit, dont le Soleil soit le centre ; supposons, en outre, que ce cercle soit décrit en un temps égal à la durée de révolution synodique de Venus, si bien connue d’Eudoxe. Tous les phénomènes que Vénus nous présente seront ainsi expliqués.

Du point T, menons deux tangentes, TA, TU, au cercle décrit par Vénus ; il est clair que nous ne verrons jamais Vénus s’écarter du Soleil, vers l’Orient, d’un angle supérieur à ATS ni, vers l’Occident, d’un angle supérieur à STB.

Lorsque Vénus décrira l’arc AVB de son cercle, la vitesse de ce mouvement, projetée sur la sphère des étoiles fixes, semblera dirigée d’orient en occident, en sens contraire de la vitesse propre du Soleil ; la projection de Vénus sur la sphère des étoiles fixes semblera se mouvoir, sur le zodiaque, d’occident en orient, avec une vitesse égale à la différence des deux vitesses dont nous venons de parler ; elle semblera marcher moins vite que le Soleil ; elle sera rejointe par la projection de cet astre au moment où la planète parviendra au point V de son cercle, puis elle sera dépassée par cette projection.

Au contraire, tandis que la planète Vénus décrit, sur son cercle, l’arc BV′A, sa projection semble marcher, sur l’écliptique, de l’occident vers l’orient, plus vite que la projection du Soleil ; elle rejoint celle-ci lorsque la planète parvient au point V′ de son cercle, puis elle la dépasse.

Ainsi se trouvent sauvées, au moins d’une manière qualitative, les apparences, déjà bien connues de Platon, que présente la marche de Vénus comparée à celle du Soleil.