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LES ASTRONOMIES HÉLIOCENTRIQUES


astronomes ; un astre tel que le Soleil doit parcourir une circonférence de cercle avec une vitesse constante ; s’il nous paraît se mouvoir avec une vitesse angulaire variable, c’est que nous ne l’observons pas du centre du cercle qu’il parcourt.

Telles sont les objections que Sosigène adresse aux partisans des sphères homocentriques ; ces objections, il les emprunte vraisemblablement à Eudème : et, qui plus est, il nous affirme qu’elles étaient connues des contemporains d’Eudoxe, qui n’en contestaient pas le bien-fondé.

Et, en effet, le premier astronome, au dire de Sosigène, qu’ait préoccupé ce changement de diamètre apparent de chacun des astres errants est Polémarque de Cyzique, l’ami et le disciple d’Eudoxe, qui eut Calippe pour condisciple ; Polémarque a connu ce phénomène, mais il a négligé d’en tenir compte, afin de n’avoir pas à renoncer au système des sphères homocentriques, objet de sa prédilection.

Ce même phénomène avait sollicité, au rapport de Sosigène, l’attention d’Aristote ; il avait même amené le Stagirite à douter du principe sur lequel repose le système des sphères homocentriques. De ces doutes, malheureusement, nous ne savons rien de plus. Aristote les exprimait, nous dit Sosigène, dans ses Φυσιϰὰ προϐλήματα ; ce traité nous est inconnu ; l’ouvrage, intitulé Προϐλήματα, que l’on attribue, sans doute à tort, au Stagirite, ne renferme rien qui justifie l’allégation de Sosigène.

Enfin, Autolycus de Pitane avait, le premier, tenté d’édifier une théorie qui rendît compte de ces apparences ; il n’y était d’ailleurs pas parvenu, comme le prouve la controverse qu’il eut à ce sujet avec un certain Aristothère. Celui-ci nous demeure entièrement inconnu ; tout ce que nous savons de lui se réduit à la mention que Sosigène en fait au passage qui vient d’être rapporté.

Autolycus n’est pas aussi complètement ignoré que son contradicteur.

Suivant Diogène de Laërte, Autolycus, mathématicien grec, né à Pitane en Éolide, sur la côte d’Asie mineure, eut pour disciple le philosophe Arcésilaüs de Pitane qui entra ensuite dans l’école de Théophraste, ouverte à Athènes vers 322 av. J.-C. Autolycus fut donc, sans doute, un contemporain de Théophraste, peut-être un peu plus âgé que ce dernier ; comme Théophraste, il prend place, dans le temps, entre Aristote et Euclide.

Nous possédons, sous le nom d’Autolycus, deux écrits[1] relatifs

  1. Autolyci De sphæra quæ movetur liber ; De ortibus et occasibus libri duo… Edidit Fridericus Hultsch ; Lipsiæ, 1885.