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CHAPITRE VII
LES ASTRONOMIES HÉLIOCENTRIQUES

I
QUE L’ASTRONOMIE DES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES NE SAURAIT SAUVER LES PHÉNOMÈNES


Platon avait formulé, de la manière la plus précise et la plus générale, le problème de l’Astronomie, tel qu’il a été compris jusqu’à Képler. Il faut, disait-il, prendre pour hypothèses un certain nombre de mouvements circulaires et uniformes, et ces mouvements, il les faut choisir de telle sorte que leur composition sauve le cours apparent des astres.

Ce précepte si général, le disciple de Socrate l’avait restreint et particularisé par l’exemple de son propre système ; cet exemple montrait, en effet, que ces mouvements circulaires et uniformes devaient être les révolutions de certaines sphères solides, emboîtées les unes dans les autres, avant toutes pour centre le centre de la Terre. En suivant cet exemple, Eudoxe et Calippe avaient construit le système astronomique des sphères homoeentriques, et Aristote, impliquant cette Astronomie dans sa Physique, avait constitué une doctrine cosmologique d’une grandiose unité.

Et cependant, l’Astronomie des sphères homocentriques ne résolvait pas, ne pouvait pas résoudre le problème posé par Platon ; elle ne sauvait pas, elle était condamnée à ne jamais sauver la totalité des apparences célestes.

Ceux qui avaient construit cette Astronomie avaient projeté sur une surface sphérique concentrique à la Terre la course des astres