Page:Duhem - Le Système du Monde, tome I.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
371
LA DYNAMIQUE DES HELLÈNES APRÈS ARISTOTE


blissentΚαὶ γὰρ ἐν τοῖς μεριστοῖς αἱ δυνάμεις συναγόμεναι μὲν ἑνίζονται, μεριζόμεναι δὲ πολλαπλασιάζονται ϰαὶ ἀμυδροῦνται. »

Cette proposition, assurément, entraîne le corollaire qu’énonçait Héron d’Alexandrie : Un corps perd de son poids si on l’aplatit et le distend afin d’en éloigner les diverses parties les unes des autres.

Ce corollaire, Philopon a eu soin de le déclarer faux lorsqu’il a traité du mouvement dans le vide. Mais, par inadvertance peut-être, il en a formulé un autre, qui est presque semblable à celui-là, à un moment où il se proposait d’appuyer d’exemples le principe que nous venons d’énoncer, et non de raisonner sur la Dynamique. Il n’est pas défendu de croire qu’il se fût corrigé s’il eût songé, en cette circonstance, à faire appel à ses connaissances de Mécanique.


III
LE MOUVEMENT DES PROJECTILES. — LA THÉORIE D’ARISTOTE

Parmi les arguments qu’Aristote a dressés contre la possibilité du mouvement dans le vide, il en est un que nous avons passé sous silence, et c’est le suivant[1] :

« Si les projectiles se meuvent alors que ce qui les a lancés n’est plus en contact avec eux, c’est par la réaction du mouvement tourbillonnaire, comme le disent quelques-uns, ou bien parce que l’air violemment ébranlé leur imprime une vitesse plus rapide que le mouvement par lequel le projectile est porté vers son lieu propre. Mais, dans le vide, rien de tout cela ne peut arriver, — Ἔτι νῦν μὲν ϰινεῖται τὰ ῥιπτούμενα τοῦ ὤσαντος οὐχ ἁπτομένου, ἢ δι’ ἀντιπερίστασιν, ὥσπερ ἔνιοί φασιν, ἢ διὰ τὸ ὠθεῖν τὸν ὠσθέντα ἀέρα θάττω ϰίνησιν τῆς τοῦ ὠσθέντος φορᾶς, ἢν φέρεται εἰς τὸν οἰϰεῖον τόπον. Ἐν δὲ τῷ ϰενῷ οὐδὲν τούτων ἐνδέχεται ὑπάρχειν. »

La théorie d’où cet argument tire sa force est une des plus étranges du Péripatétisme ; mais elle est, en même temps, une de celles qui découlent le plus logiquement des principes de cette philosophie.

Aucun corps inanimé ne peut être en mouvement s’il n’est soumis à l’action d’un moteur qui soit distinct de lui et extérieur à lui ; il faut que ce moteur, pendant toute la durée du mouve-

  1. Aristote, Physique, livre IV, ch. VIII (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. II, p. 295 ; éd. Bekker, vol. I, p. 214, col. a).