de milieux corporels ; entre des corps de même poids, celui qui
est de figure large tombe plus lentement parce qu’une plus grande
quantité d’air le supporte, et qu’un même poids divise plus difficilement
une quantité d’air plus grande. Mais si le mouvement
s’accomplit dans le vide, la différence par laquelle il sera plus rapide
ou plus lent, proviendra uniquement de l’inégalité des poids ; la
diversité des figures ne produira plus aucune différence ; pourvu
qu’ils aient même poids, un corps sphérique et un corps large
tomberont dans le même temps ; il n’y a plus rien, en effet, qui
résiste moins ou davantage ; c’est le poids naturel (φυσιϰή ῥοπή)
qui, seul, agit en ce mouvement ; puis donc que le poids naturel
est égal et semblable, et qu’il n’existe rien qui résiste plus ou
moins, il est nécessaire que le mouvement soit égal et semblable. »
Ces considérations semblent appeler un corollaire : Dix pierres identiques, séparées l’une de l’autre, tombent, dans le vide, avec la même vitesse. Les réunir et les rassembler, c’est seulement modifier la figure de leur ensemble sans en changer le poids. Une pierre de même nature que chacune des dix premières, mais dix fois plus grosse que chacune d’elles, doit tomber, dans le vide, avec la même vitesse que chacune des dix petites pierres. Si donc des corps formés de substances différentes et dont, par conséquent, les poids spécifiques sont différents, pourraient fort bien tomber, dans le vide, avec des vitesses différentes, il ne peut plus en être de même pour des corps formés de la même substance ; quelque divers que soient leurs volumes et, partant, leurs poids, ils doivent tous tomber dans le vide suivant la même loi.
Giambattista Benedetti et Galilée développeront un jour ce raisonnement ; ils en tireront même des conclusions qu’il ne justifie pas. On s’attendrait à le rencontrer dans les commentaires de Philopon. Mais le Grammairien ne le donne pas et ne le tiendrait pas comme concluant ; en effet, il paraît nier la proposition qui y est reçue comme axiome ; lorsqu’on réunit plusieurs corps pour en former un corps unique, il paraît ne pas croire que le poids de ce dernier soit égal à la somme des poids des premiers.
« Si vous réunissez ensemble, dit-il[1], deux poids (βάρος) d’une livre, le produit de leur réunion sera plus pesant que les deux poids séparés l’un de l’autre] ; il n’en résultera pas seulement, en effet, un poids de deux livres, mais un poids plus considérable.
- ↑ Joannis Grammatici Philoponi In Aristotelis physicorum libros commentaria ; cap. V Éd. 1542, fol. 72, coll. c. (Le traducteur a ajouté tout un développement étranger au texte de Philipon) ; éd. 1581 p. 127, col. b : éd. grecque de 1887, p. 420.