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LA DYNAMIQUE DES HELLÈNES APRÈS ARISTOTE

gius) en a inséré une paraphrase latine dans l’édition des œuvres d’Euclide qu’il donna à Bâle en 1537. Au sujet de l’origine de ce fragment, qu’il intitule De ponderoso et levi, Herwagen ne donne[1] que ce renseignement sommaire : « Dans le temps même que cette œuvre touchait à sa fin, quelqu’un m’apporta un petit livre ou, plutôt, un fragment (car il paraît mutilé) De levi et ponderoso, je l’ai ajouté ».

La paraphrase d’Herwagen fut textuellement reproduite dans les éditions des œuvres d’Euclide données, à Bâle, en 1546 et en 1558. Grégory l’a également insérée, avec une correction tacite, dans l’édition d’Euclide qu’il publia à Oxford, en 1747.

En 1565, l’abbé Pierre Forcadel, de Béziers, publia à Paris le Livre des poids, faussement attribué à Archimède[2] ; il inséra, à la suite de cet ouvrage, une traduction française du texte latin donné par Herwagen.

En ces dernières années, Maximilien Curtze a découvert à Dresde, dans le manuscrit catalogué Db. 86, un texte latin du petit traité attribué à Euclide ; il l’a publié[3] en mettant en regard le texte remanié qu’avait donné Herwagen.

Le titre exact du fragment manuscrit est le suivant : Liber Euclidis de gravi et levi et de comparatione corporum ad invicem. Il procède par définitions et théorèmes, à la manière euclidienne.

Parmi les définitions, relevons celles-ci :

« Des corps égaux en force (virtus) sont des corps qui, au sein du même air ou de la même eau, se meuvent de chemins égaux en des temps égaux.

» Ceux qui parcourent des espaces égaux en des temps inégaux sont dits différents en force (fortitudo).

» Celui qui est le plus grand en force (virtus) est celui qui emploie le moins de temps.

» Des corps de même genre sont des corps qui, étant égaux, ont des forces (virtutes) égales.

» Si des corps égaux en grandeur sont différents en force (virtus) par rapport au même air ou à la même eau, ils sont de genre différent. »

  1. Cf. Heiberg, Literaturgeschichtliche Studien über Euklid, 1882, p. 10.
  2. Le livre d’Archimède des pois, qui aussi est dict des choses tombantes en l’humide, traduict et commenté par Pierre Fougadel de Bezies lecteur ordinaire du Roy es Mathématiques en l’Université de Paris. Ensemble ce qui se trouve du livre d’Euclide intitulé du leqer et du pesant traduict et commenté par le mesme Forcadel. À Paris. Chez Charles Perier, demeurant en la rue S. Iean de Beauvais, au Bellerophon. 1565, Avec privilege du Roy.
  3. Maximilian Curtze, Zwei Beiträqe zur Geschichte der Physik (Bibliotheca Mathematica, 3te Folge, Bd. I, p. 51, 1900).