Page:Duhem - Le Système du Monde, tome I.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
LA DYNAMIQUE DES HELLÈNES APRÈS ARISTOTE

Hæc pro ponderibus celare necesse ’st :
Propterea, quia corpus aquæ, naturaque tenuis
Aeris haut possunt æque rem quamque morari ;
Sed citius cedunt gravioribus exsuperata.
At contra nulli de nulla parte, neque ullo
Tempore, Inane potest vacuum subsistere reii,
Quin, sua quod natura petit, concedere pergat,
Omnia quapropter debent per Inane quietum
Æque ponderibus non æque concita ferri.
Haud igitur poterunt levioribus incidere unquam
Ex supero graviora, neque ictus gignere per se,
Qui varient motus, per quos natura genat res.


Cette doctrine des Atomistes trouve, en Aristote, un adversaire ; le Stagirite en tire argument contre la possibilité même du vide. Il commence par rappeler[1] les propositions que sa Dynamique tient pour assurées[2] :

« Nous voyons les corps qui possèdent une force plus grande de pesanteur ou de légèreté, pourvu qu’ils se comportent de la même manière sous le rapport des figures [qui les terminent], parcourir plus vite un même espace, et cela dans le rapport qu’ont, les unes à l’égard des autres, les grandeurs [de force qu’ils possèdent]. — Ὁρῶμεν γὰρ τὰ μείζω ῥοπὴν ἔχοντα ἢ βάρυς ἢ ϰουφότητος, ἐὰν τἆλλα ὁμοίως ἔχῃ τοῖς σχήμασι, θᾶττον φερόμενα τό ἴσον χωρίον, ϰαὶ ϰατὰ λόγον ὅν ἔχουσι τὰ μεγέθη πρὸς ἄλληλα. »

Cette loi, Aristote la regarde comme entièrement générale, quel que soit le milieu au sein duquel se fait le mouvement. Il en conclut donc qu’« il en sera aussi de même dans le vide, ὥστε ϰαὶ διὰ τοῦ ϰενοῦ ».

« Mais c’est impossible », ajoute-t-il tout aussitôt ; et, pour établir cette seconde affirmation, il reproduit le raisonnement même des Atomistes : « Pour quelle cause, en effet, les corps se mouvraient-ils plus vite les uns que les autres ? Cela a lieu nécessairement dans le plein parce que le corps qui est de plus grande puissance (ἰσχύς) divise plus vite [le milieu]… » Mais, dans le vide, « tous les corps seront assurément d’égale vitesse, ἰσοταχῆ ἄρα πάντ’ ἔσται. Or c’est impossible ».

Les commentateurs d’Aristote, Averroès par exemple[3], ont été,

  1. Aristote, Physique, livre IV, ch. VIII (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. II, p. 296 : éd. Bekker, vol. I, p. 26, col. a).
  2. Voir Ch. IV, § X, p. 193.
  3. Aristotelis Physicorum libri VIII cum Averrois Cordubensis in eosdem magnis commentariis ; lib. IV, summa secunda cap. III, comm. 74.