porel par sa propre nature ; c’est encore les dimensions seules et
vides de tout corps ; en effet, considérés en leur matière, le lieu
et le vide sont essentiellement la même chose [Διάστημά τί ἐστι, τριχῇ διαστατόν, ἕτερον τῶν σωμάτων τῶν ἐμπιπτόντων εἰς αὐτόν, ἀσώματον ὂν τῷ οἰϰείῳ λόγῳ, ϰαὶ διαστάσεις μόναι, ϰεναὶ σώματος (Ταὐτὸν γὰρ, τῷ ὄντι τὸ ϰενὸν ϰαὶ ὁ τόπος ϰατὰ τὸ ὑποϰείμενον)].
Cela ne veut pas dire que le vide puisse jamais exister en acte[1] qu’il puisse se trouver un volume qu’aucun corps n’occupe ; bien que la raison le distingue de tout corps et le regarde comme essentiellement incorporel, le vide néanmoins, est toujours rempli par quelque corps. Le lieu et le corps qui est en ce lieu forment une de ces couples de choses qui sont liées indissolublement, en sorte que l’une de ces choses ne peut être sans l’autre ; la pure raison distingue le lieu d’avec le corps, mais le lieu ne peut jamais, sans corps, être en acte. De même, la raison distingue la matière de la forme ; cependant la matière ne peut jamais exister en acte qu’elle ne soit unie à une certaine forme.
Cet espace, distinct de tout corps et vide par lui-même, demeure absolument immobile[2] dans son ensemble et en chacune de ses parties ; une partie déterminée de l’espace peut recevoir successivement des corps différents qui, à tour de rôle, y trouvent leur lieu, mais elle demeure toujours la même partie de l’espace, elle ne se meut point.
Aussitôt qu’un corps en mouvement quitte un certain lieu[3], un autre corps vient occuper ce même lieu, car il ne doit jamais demeurer privé de corps. De même, aussitôt qu’une forme se corrompt en la matière, une autre forme y est induite, afin qu’à aucun moment, la matière ne demeure nue et dépouillée de toute forme. Jean le Grammairien établit ainsi un parallélisme parfait entre le mouvement local et le mouvement d’altération ; le lieu et le corps logé jouent, au cours du premier mouvement, le rôle que la matière et la forme jouent au cours du second.
Philopon n’est pas sans prévoir que les Péripatéticiens élèveront des objections contre sa doctrine ; ces objections, il s’efforce de les ruiner d’avance.
En voici une[4] qui semble redoutable :
Cet espace à trois dimensions, qui est regardé comme lieu des corps, est infini ; comment cela peut-il être, puisqu’il ne peut