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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


tout entière en un point équinoxial, on n’aurait plus affaire à la même période, car la révolution considérée ne serait pas du même point au même point ; elle doit avoir lieu d’un point équinoxial au même point équinoxial, ou bien du solstice d’été au solstice d’été ; à chacune de ces deux révolutions correspond alors un nombre égal, et la durée de l’une est égale à la durée de l’autre ; car de ces deux révolutions, la période est la même ; la grandeur en est définie par le retour à la même place de tous les mobiles.

» Voilà ce que l’on peut dire de l’unité du temps, qui mesure tous les mouvements corporels comme le Monde mesure tous les êtres vivants et animés, et comme l’Éternité mesure toutes les intelligences vivantes. On voit clairement par ce qui précède ce qu’est ce temps, quand il est accompli et quel achèvement simultané il détermine dans l’Univers.

» Ajoutons, cependant, à ce que nous avons dit que ce nombre parfait-ci [celui dont il est question au Timée] paraît différer de celui dont il est parlé dans la République et dont il est dit qu’il embrasse la révolution périodique de tout ce qui est à la fois engendré et divin ; il semble qu’il soit plus particulier et qu’il amène seulement le retour simultané des huit révolutions périodiques [des sphères célestes] ; au contraire, celui [dont il est parlé dans la République] embrasse toutes les périodes de tous les mouvements propres des étoiles inerrantes, et toutes les périodes sans exception des êtres qui, au sein du Ciel, sont mus d’une manière visible ou invisible, que ces êtres soient engendrés et divins ou qu’ils viennent après les Dieux ; il embrasse toutes les vicissitudes périodiques de fertilité et de stérilité des êtres sublunaires, de ceux dont la vie est courte comme de ceux dont la vie est longue ; aussi ce dernier nombre régit-il également la vicissitude périodique du genre humain. »

Il semblerait, d’après ce passage, qu’il faille distinguer deux Grandes Années platoniciennes ; celle dont il est question au Timée, plus petit commun multiple des huit années de révolution des sphères célestes, serait seulement une partie aliquote de l’autre ; celle-ci, plus petit commun multiple des périodes de toutes les rotations, de toutes les révolutions visibles ou invisibles qui s’effectuent au sein des cieux, serait celle dont il est question dans la République, celle dont le nombre parfait mesure le temps du retour de l’Univers à son état initial, le διάστημα τῆς τοῦ παντὸς φύσεως d’Archytas. «

Ce que Proclus ne dit pas explicitement, mais ce qui résulte évidemment de tout son exposé, c’est qu’à son avis, les deux périodes