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LES THÉORIES DU TEMPS, DU LIEU ET DU VIDE APRÈS ARISTOTE


Maternus, les sujets dont il sera traité se trouvent énumérés[1]. On dira : « ce que sont les neuf sphères ; quelles sont les cinq zones ; quels sont les divers genres de nature qui les caractérisent ; quels sont les effets des douze signes ; quelle opération produit la marche éternellement errante des cinq étoiles ; ce que sont le cours diurne du Soleil, son retour annuel ; ce que sont le mouvement rapide de la Lune et les continuels accroissements de sa lumière. On dira aussi combien il faut de révolutions de ces astres pour accomplir cette Grande Année dont on parle, qui ramène non seulement ces cinq étoiles, mais encore la Lune et le Soleil, à leurs places originelles ; elle s’achève en mille quatre cent soixante et un ans ».

Julius Firmicus ou l’auteur que nous cache ce nom croit que le Monde passe par une alternative d’inondations et d’embrasements ; mais ces phénomènes effrayants, il les sépare les uns des autres par une durée bien plus longue que la Grande Année dont il vient de parler : « La fragilité humaine, dit-il[2] n’a pu prendre assez d’extension pour que sa raison lui permette de comprendre et d’expliquer aisément la genèse du Monde ; d’autant que tous les trois cent mille ans s’accomplit l’ἀποϰατάστασις, c’est-à-dire le renouvellement (redintegratio) de l’Univers, par l’ἐϰπύρωσις ; et par le ϰαταϰλυσμός ; c’est, en effet, de ces deux manières que l’ἀποϰατάστασις produit habituellement, car le déluge suit l’embrasement ou, en d’autres termes, le ϰαταϰλυσμός suit l’ἐϰπύρωσις ».

Lorsque Macrobe commente le Songe de Scipion de Cicéron, il s’étend longuement sur ces renouvellements que l’eau et le feu imposent alternativement au Monde. « Selon les plus anciens physiciens, dit-il[3], le feu éthéré se nourrit de vapeurs… De ce que la chaleur s’entretient par l’humidité, il suit que le feu et l’eau éprouvent alternativement un excès de réplétion. Lorsque le feu est parvenu à cet excès, l’équilibre entre les deux éléments est détruit. Alors la chaleur trop forte de l’air produit un incendie

  1. Iulii Firmici Astronomicorum libri otto integri, & emendati, ex Scythicis oris ad nos nuper allatiMarci Manilii astronomicorum libri quinqueArati Phœnomena Germanico Cæsare interprete cum commentariis et imaginibus. — Arati eiusdem fragmentum Marco T. C, interprete. — Arati eiusdem Phœnomena Rufo Festo Auienio paraphraste. — Arati eiusdem Phœnomena grœce. — Theonis commentaria copiosissima in Arati Phœnomena grœceProcli Diadochi Sphœra grœceProcli eiusdem Sphœra, Thoma Linacre Britanno interprete — Au verso : Aldus Manutius Romanus Guido Pheretrio Vrbini Duci S. P. D… Venetiis decimo sexto Calendas novem. MID, — Iulii Firmici Materni iunioris Siculi V. C. Matheseos liber primus ad Mavortium Lollianum Prœfatio. Fol. sign. a, verso.
  2. Iulii Firmici Materni Matheseos lib. III, cap. I ; éd. cit., fol. sign. d III.
  3. Aurelii Macrobii In somnium Scipionis commentarii, lib. II, cap. X.